Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/163

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de Cordres, en Espagne. Ces ii manieres de messages reçut : des besoignes de Saisoigne ordena selonc la neccessité du tens et puis retorna vers France. En cele ost fu si grant la mortalité des bues et des bestes aumailles[1], que à paines en demora un seul, et non mie là tant seulement mes par toutes les provinces de l’empire corut cele pestilance en cele maniere de bestes. À Es la Chapele vint li mpereres ou mois d’octovre ; les devanz diz messages oï et ferma pais et amor à Nicephore, l’empereor de Costantinoble, et à Zabulaz, le roi de Cordres[2]. La cité de Venise que ses fiuz Pepins, li rois de Lombardie, avoit prise l’an devant, rendi à l’empereor de Costantinoble et reçut le conte Herri que Zabulaz, cil rois de Cordres, li rendi, que Sarrazin avoient pris en Espagne grant tens devant.

[3]Moult desirroit cil Nichephores, empereres de Costantinoble, que il eust l’amor et la pais de l’empereor, ausi come Michaus et Leons et si autre devancier avoient eue. Sovent li enveoient lor messages de lor volenté pour confermer pais et aliances. Si cuidoit-on que il le feissent plus par paor que par amor. Et pour ce que il avoit le non d’empereor, il l’avoient soupeçoneus et se doutoient que il ne lor vosist tolir lor empire[4]. Car à ce tens estoit la fierté et la puissance

  1. D’après les Annales Laurissenses minores (Pertz, Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 121), cette mortalité se serait étendue aussi aux hommes : « Mortalitas bovum maxima pene in tota Europa, nec non et hominum plurimorum ». Cf. Baluze, Capitularia regum Francorum, t. I, col. 473 et 475, et surtout t. II, col. 1199.
  2. « Pacemque cum Niciforo imperatore et cum Abulaz rege Hispaniæ fecit » (Éginhard).
  3. Vita Karoli Magni, chap. xvi.
  4. On trouve aussi, dans le moine de Saint-Gall, De Gestis Karoli imperatoris, liv. I, chap. xxvi, éd. Pertz, Mon. Germ. hist., Scriptores, t. II, p. 743, l’écho des craintes inspirées aux Grecs par le titre d’empereur que prit Charlemagne.