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devotement. Le legat vint premierement à la mahommerie et en fist giter les faus ymages qu’il i trouva, et reconcilia la place en l’onneur Nostre Dame sainte Marie[1] et chanta une messe de Nostre Dame. Le roy demoura tout l’esté en la ville, jusques atant que la riviere de Nilus fu retraite, qui celle année fu si grant qu’elle porprenoit toute la terre et toute la contrée. Autrefoiz avoit-elle grevé le roy Jehan de Jherusalem quant il prist Damiete[2]. Si comme le roy demouroit à Damiete, ii messages vindrent devant lui et li distrent que le conte de Poitiers venoit au plus tost que il pooit, et qu’il estoit entrez en mer le jour de saint Jehan Baptiste[3] avoec la contesse d’Artois qui venoit avoec li pour veoir son seigneur. Après ce ne demoura pas mout que les messages furent venu, que le conte de Poitiers et la contesse d’Artois arriverent au port de Damiete, et alerent les barons contre euls et les reçurent a grant joie.

  1. G. de Nangis dit que la mosquée avait été déjà consacrée à la Vierge lorsque Damiette fut pris, en 1219 : « quia dudum in altera ejusdem urbis captione beatæ Mariæ virginis ecclesiæ deputatus fuerat et appropriatus ».
  2. Les chrétiens enfermés par les eaux en 1221 furent obligés de rendre Damiette aux Sarrasins (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. I, p. 285-287).
  3. Alphonse de Poitiers ne prit pas la mer le 24 juin ; mais il s’embarqua à Aigues-Mortes le 25 août et débarqua à Damiette le 24 octobre suivant : « in crastino sancti Bartholomæi Apostoli mare apud Aquas Mortuas intravit, et die Dominica ante festum Apostolorum Simonis et Judæ apud Damietam applicuit » (G. de Nangis). Cf. Joinville, §§ 179 à 183, et Lenain de Tillemont, op. cit., t. III, p. 271.