Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/243

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de ses iex par l’espace de tant de tens, qui leurs tentes y avoient fichiées et si estoient logiez, ne laissa onques à faire à eulz neis i assaut,[1]ne aucunes villes de ses anemis ne laissa onques ne ne souffri à assaillir. Mais de maintenant donna congié de departir à ycest noble ost[2] qui legierement peust sousmettre tout le monde, se il fust noblement à droit gouverné, et s’en revint sanz riens faire et ingloriex en France arriere. Laquelle chose fu honte aus chevaliers et les esmut en pluseurs escharnissemens, et meismement les anemis du royaume de France, de la gent au roi de France à moquier eulz.[3]Duquel ost le departement cognoissans, les Flamens adversaires, de maintenant à eulz les villes prochaines et les garnisons de la conté d’Artois embraserent et ardirent en feu[4]. Toutes voies dient aucuns que par la decevance et tricherie Edouart le roy d’Angleterre, qui la partie des Flamens nourrissoit, le roi de France avoit esté deceu, si s’en departi ainsi ; car devant avoit faint yce gourpil tricherre angloiscien li avoir très grant doleur dedens son cuer, estre malade et enferme pour ce qu’il avoit entendu, si comme il disoit, que son serourge et ami le roy de France estoit

  1. Cf. Chronique latine, éd. Géraud, p. 322, note 1.
  2. Ce fut le 29 septembre que Philippe le Bel battit en retraite (Funck-Brentano, op. cit., p. 436).
  3. Pour toute cette partie jusqu’à : « Mais toutes foiz », cf. Chronique latine, éd. Géraud, p. 322, note 2, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 587, note 2.
  4. Les Flamands après avoir incendié Saint-Amand (1er octobre) livrèrent aux flammes une partie des faubourgs de Tournai, le 8 octobre. Gilles le Muisit (éd. H. Lemaître, p. 71-72) fait connaître en détail ce qu’ils incendièrent dans cette dernière ville.