tanément un tel aveu ; qu’elle aurait en moi un ami qui ne l’abandonnerait jamais, et que j’étais prêt à la suivre et à vivre avec elle dans tel coin ignoré de l’Europe ou de l’Amérique qu’il lui plairait de choisir, à la condition toutefois qu’elle ne serait ni ne passerait jamais pour ma femme.
C’est ainsi que je la quittai le vendredi soir, agité de mille furies. Le samedi, je me levai à la pointe du jour, et voyant sur ma table une de ces immenses feuilles qui se publient par milliers à Londres, j’y jette un coup d’œil au hasard, et la première chose qui me frappe, c’est mon nom. J’ouvre de grands yeux, je lis un assez long article où mon aventure est racontée dans tous ses détails et avec beaucoup d’exactitude. J’y trouve les plus funestes et les plus ridicules circonstances de ma rivalité avec ce palefrenier, son nom, son âge, sa figure, et toute l’histoire de la confession que lui-même il a faite à son maître. À cette lecture, je faillis tomber mort, et alors seulement, le sens m’étant un peu revenu, je vis et touchai au doigt que cette femme perfide m’avait spontanément confessé toute chose après que le gazetier en avait, dès le vendredi matin, fait la confidence au public. Alors perdant toute mesure et n’écoutant plus rien, je courus chez elle, où je l’accablai des injures les plus amères, les plus furibondes, les plus méprisantes, toujours mêlées d’amour, de mortelle douleur et de résolutions désespérées, et j’y retournai lâchement quelques heures après lui avoir juré qu’elle ne me reverrait de sa vie. Ce premier pas fait, j’y restai tout le jour, et