nobie ou à toute autre reine bonne à mettre en tragédie, la seule raison que j’en eusse, c’est que depuis un siècle je voyais dans l’antichambre de ma maîtresse de fort belles tapisseries où était représentée toute l’histoire de Cléopâtre et d’Antoine.
Ma maîtresse fut guérie de son indisposition, et sans m’inquiéter autrement de ce ridicule essai de bavardage dramatique, je le plaçai sous un des coussins de son lit de repos, où il resta oublié pendant une année, et c’est ainsi que tant par cette dame qui s’y tenait habituellement, que par beaucoup d’autres, que le hasard y faisait asseoir, entre ce lit et le coussin furent couvées, pour ainsi dire, mes prémices tragiques.
Mais plus ennuyé, plus furieux que jamais de
mais du moins que ne puis-je encore de Marcus[1]… Dis-moi, ne le reverrai-je pas ?… Je tombe pour lui… Hélas ! dois-je mourir sans lui ?
Et ce beau drame continua du même train aussi long-temps que le papier dura. Il arriva ainsi jusqu’au milieu de la première scène du troisième acte ; et alors, soit que la raison qui faisait écrire l’auteur n’existât plus, soit qu’il n’eût plus rien dans sa plume, sa pauvre petite barque demeura engravée pour le moment, étant d’ailleurs trop mal lestée, et n’ayant pas même une charge qui l’aidât seulement à faire naufrage.
C’est déjà trop je pense, des vers que je viens de transcrire pour donner une idée non équivoque du savoir faire de l’auteur au mois de janvier 1774.
- ↑ Deux syllabes restées au bout de la plume, par l’effet du délire de la passion. (A.)