Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/235

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sion, le motif qui me faisait jouer de pareilles scènes méritait, peut-être, quelque pitié : c’était le besoin vi-

SECONDE COLASCIONATA,

avec le costume d’Apollon.

Gracieuses dames, cavaliers aimés, qui n’avez pas dédaigné d’écouter la rauque cithare de ce pourceau de poète, dont les véridiques paroles se sont perdues dans les airs ,

Vous croyez déjà, à la douceur de mon aspect, que je viens donner un démenti à ce vil détracteur qui s’est montré si rude à ces pauvres amans. Non, c’est un autre dessein qui m’amène.

Moi, qui suis Apollon.....Mais vous riez? Un si légerjnen-

songe vous’ étonne ?> Chacun ment en parlant de soi; c’est ce qui souvent vous arrive, et vous ne riez pas. ,

Moi, qui suis Apollon, je dédaigne de chanter en vers insipides cet amour passé de mode; je voudrais, mais ensuis-je digne? obtenir un plus beau triomphe par une pensée plus étrange.

Je veux célébrer la sottise ; c’est un sujet immense, et encore à chanter, quoique souvent les poètes en usent. Écoutez-en la sublime beauté.

Je commence par vous, mesdames; si vos doux époux n’étaient pas des sots, comment, je vous prie, feriez-vous donc avec vos amans? Voici déjà qu’auprès de vous la sottise est en grand honneur. Et je vous dirai de plus, si le ion do sa voix ne révélait un sot dans celui qui vous aime, vous seriez bientôt folles, ne pouvant soulager cette douce démangeaison de la coquetterie.

Et quelle joie pour vous, ô jeunes filles , de vous apercevoir que vous avez de sottes mères ! c’est alors que vous faites l’apprentissage de ces bagatelles, où vous nous prenez ensuite, belles et séduisantes créatures t