mes dépens : celle-ci, entre autres, au vers 184 : L’aboiement du cœur. Cette métaphore sent horriblement le chien, je vous conseille de l’ôter.
Les notes placées en marge du premier acte et les conseils paternels du billet qui les accompagnait m’inspirèrent la résolution de refaire le tout avec plus de persévérance et une obstination forcenée. Ce travail eut pour résultat la tragédie de ce nom, qui fut jouée à Turin le 16 juin 1775. J’en citerai aussi les premiers vers comme un troi-
de la poésie. Les vers sont mal tournés et n’ont pas l’allure italienne. Il y a une foule de mots qui ne valent rien, et l’orthographe est toujours inexacte et vicieuse. Pardonnez à ma franchise naturelle et à l’intérêt que je prends à ce qui vous regarde, le conseil que je vous donne ici. Il faut bien savoir la langue dans laquelle on veut écrire. Pourquoi n’avez-vous pas sur votre table l’orthographe italienne, un petit volume in-8o ? Pourquoi ne lisez-vous pas d’abord les observations grammaticales que l’on y a jointes ? Vous verrez, par mes nombreuses notes, que je n’ai pas cru devoir vous épargner l’ennui des corrections grammaticales. Je suis, en fait de langue, sévère, scrupuleux, indiscret peut-être. Mais cette fois-ci, je l’ai été plus encore que de coutume, parce que la pureté du langage est la seule chose qui manque à votre travail. Il y a de grandes pensées, des sentimens heureusement rendus, des caractères noblement soutenus. Courage, poursuivons. Il serait malaisé de trouver un poète qui, en écrivant pour la première fois une œuvre tragique, y ait mieux réussi. Je m’en félicite avec vous, et vous prie en même temps de me croire tout à vous.