tout ce qui restait de la royauté. La conspiration du 20 juin ayant avorté, les choses traînèrent encore de mal en pis, jusqu’au fameux 10 août, où tout éclata, comme chacun sait. Il ne sera pas hors de propos de rapporter ici le détail que j’en écrivais à l’abbé de Caluso, le 14 août 1792[1].
- ↑ Paris, 14 août 1792.Très-cher ami,
La conspiration a fini par éclater ; il y avait long-temps qu’elle couvait. Dans la nuit de jeudi dernier, du 9 au 10 courant, les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau se sont réunis en armes, et, à leur exemple, toute la ville et les gardes nationales elles-mêmes, en bon ordre, avec leurs drapeaux et leurs canons. Toute cette manière d’armée se trouva devant le château des Tuileries, entre quatre et cinq heures du matin. Il n’y avait au château pour le défendre que six ou sept cents Suisses, à peu près autant de gardes nationales, la plupart peu décidés, et à l’intérieur, dans les chambres et dans les appartemens, environ trois cents gentilshommes dévoués au roi. La défense eût encore été possible, si l’on eût pris de véritables dispositions militaires, si l’on fût sorti au-devant de l’ennemi, au lieu de l’attendre dans les cours. Ajoutons à cela que les canonniers mêmes chargés de la garde du château et confondus avec les Suisses et les gardes nationales, étaient des traîtres, ce que déjà l’on savait assez, et comme on le vit bien par la suite. Avec un autre roi, on pouvait mourir héroïquement et donner au monde un mémorable exemple. Mais avec un autre roi, les choses en seraient-elles venues à cette extrémité ? Ce roi donc ne manqua pas de ce calme et de cette sérénité qu’on pourrait ap-