Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fîmes si bien pendant ces deux ou trois jours, que le 15 ou le 16, nous en avions déjà obtenu, en qualité d’étrangers, moi de l’envoyé de Venise, mon amie de celui de Danemarck, qui seuls à peu près de tous les ministres, étaient restés auprès de ce simulacre de roi. Nous eûmes beaucoup plus de peine à obtenir de notre section, c’était celle du Mont-

blable que les assiégés, de beaucoup inférieurs en nombre, et se trouvant dans une fâcheuse position, n’attaquèrent pas les premiers. Quoi qu’il en soit, le feu commença, et les Suisses ayant pointé leur canon à la porteinvestie et qui déjà ne tenait plus, firent une décharge d’artillerie et de mous-queterie si meurtrière , que tous ces lâches tournèrent le dos. Ici, il parait que si les Suisses et les trois cents gentilshommes se fussent jetés en dehors â la poursuite des fuyards, ils auraient vaincu ou seraient tombés en se couvrant de gloire et en laissant sur le champ de bataille une multitude ’ de victimes. Mais il était dit que là, comme ailleurs, le manque de chefs, d’ordre et de toute chose, devait encore tout perdre. Les fugitifs épouvantés et en déroute allèrent donner dans le seul corps de cavalerie qui soit ici, et qu’on appelle la gendarmerie nationale, lequel se compose en grande partie des anciennes gardes françaises, de beaucoup de domestiques, de cochers sans places et autre canaille de même genre. Ceux-ci, au lieu de se déclarer pour le roi, se mirent immédiatement contre, et ralliant le peuple, le ramenèrent à l’attaque. De leur côté, les gardes nationales qui étaient restées avec les Suisses, voyant la multitude revenir en plus grand nombre, se tournèrent aussi pour la plupart contre les Suisses, qui, pris entre deux feux, périrent tous, pendant que rompus et en désordre ils fuyaient de tous côtés, payant ainsi l’honneur d’avoir été à la solde de la France, ce qui toujours veut dire