Le Parnasse a bien fait de n’avoir qu’an cheval :
Si nous en avions deux, ils se mordraient sans doute.
J’ai vu les beaux esprits, je sais ce qu’il en coûte.
Zaïre, de Mérope, dont nous sommes certain qu’il est peu jaloux, et dont il ne prend point le parti. Il est trop dur de dépouiller une âme de quatre-vingts ans de la seule vie qui puisse lui rester dans le temps à venir. Ce procédé est injuste et maladroit, et d’autant plus maladroit qu’il nous met dans la nécessite de révéler quelle est l’àme de l’abbé dans le temps présent.
Nous l’avons vu et lu, et nous le tenons entre nos mains, le Spinosa commenté, explique, éclairci, embelli, écrit tout entier de la main de M. l’abbé Sabotier, natif de Castres; et nous déposerons ce monument cliez un notaire ou chez un greffier, dès qu’il nous en aura donné la permission ; car nous ne voulons pas disposer d’un tel écrit sans l’aveu de l’auteur. C’est un égard que nous nous devons les uns aux autres.
Pour les poésies légères de ce grand critique et de ce grand missionnaire, nous en userons un peu plus librement. Voici les preuves de la piété de cet abbé, qui est si peu indulgent pour les péchés de son prochain; voici les preuves du bon goût do celui qui trouve les vers de MM. de Saint-Lambert, Dclille, de Laharpe, si mauvais.
En sortant de la prison où ses mœurs respectables l’avaient fait renfermer à Strasbourg, il s’amusa, pour se dissiper, à faire un conte intitulé le... mauvais lieu. Ce conte commence ainsi; et remarquez bien que nous l’avons, écrit de sa main, de la même main que le Spinosa.
Du temps que la dame Paris
Tenait école florissante
De jeux d’amour à juste prix,
D’une écolière assez savante
Sur les bords de la Seine un jour le pied glissa :
La chose assurément n’était pas merveilleuse,
Mais la chute dans l’eau n’était pas périlleuse,
Lorsqu’un mousquetaire passa.
Il crut que ce serait une perte publique
Que la perte de tant d’appas:
Aussi, plein d’ardeur héroïque,
Mit-il, sans hésiter, chemise et pourpoint bas, etc.
Nous épargnons sans hésiter, auï yeux de nos chastes lecteurs, la suite de ce morceau délicat. Ce n’est qu’un échantillon de l’élégante poésie de M. l’abbé des Trois Siècles.
Nous lui demandons bien pardon de publier un autre morceau de sa prose, bien plus touchant et bien plus décisif (et toujours de sa main, et signé Sabotier de Castres) :
« On n’aime ici que les processions, les sermons, et les messes. Les gens qui ont eu k lurco de secouer le joug des préjugés de l’enfance, du fanatisme et de l’erreur, en un mot les hommes qui pensent bien, n’osent se faire connaître, etc., etc. »
Nous donnerons le reste, si cela lui fait plaisir.
Jugez maintenant, lecteur, s’il sied bien à ce galant homme de traiter un secré- taire d’une de nos académies d’impie et de scélérat, et d’en dire autant de nos littérateurs les plus illustres. On croit qu’il aura incessamment un bénéfice : mais quelle récompense aura le censeur ro}’id qui lui a fait obtenir une permission tacite d’outrager la vertu et le bon goût?
On dit qu’il est tonsuré, et qu’étant bientôt élevé aux dignités de l’Église, il croira en Dieu, ne fût-ce que par reconnaissance ; car, malgré son spinosisme, il