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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/318

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Arbres nains tirés au cordeau,
Celui qui vous mit au niveau
En vain s’applaudit, se récrie,
En voyant ce petit morceau :
Jardins, il faut que je vous fuie ;
Trop d’art me révolte et m’ennuie.
J’aime mieux ces vastes forêts :
La nature, libre et hardie,
Irrégulière dans ses traits,
S’accorde avec ma fantaisie.
Mais dans ce discours familier
En vain je crois étudier
Cette nature simple et belle ;
Je me sens plus irrégulier
Et beaucoup moins aimable qu’elle.
Accordez-moi votre pardon
Pour cette longue rapsodie ;
Je l’écrivis avec saillie,
Mais peu maître de ma raison,
Car j’étais auprès d’Emilie.




ÉPÎTRE LV.


AU PRINCE ROYAL DE PRUSSE[1],
AU NOM DE MADAME LA MARQUISE DU CHÂTELET,
À QUI IL AVAIT DEMANDÉ CE QU’ELLE FAISAIT À CIREY.


(1738)


Un peu philosophe et bergère,
Dans le sein d’un riant séjour.
Loin des riens brillants de la cour,
Des intrigues du ministère,
Des inconstances de l’amour,

  1. L’épître ou lettre à laquelle répondent ces vers n’est pas dans les Œuvres du roi de Prusse. (B.)