Arbres nains tirés au cordeau,
Celui qui vous mit au niveau
En vain s’applaudit, se récrie,
En voyant ce petit morceau :
Jardins, il faut que je vous fuie ;
Trop d’art me révolte et m’ennuie.
J’aime mieux ces vastes forêts :
La nature, libre et hardie,
Irrégulière dans ses traits,
S’accorde avec ma fantaisie.
Mais dans ce discours familier
En vain je crois étudier
Cette nature simple et belle ;
Je me sens plus irrégulier
Et beaucoup moins aimable qu’elle.
Accordez-moi votre pardon
Pour cette longue rapsodie ;
Je l’écrivis avec saillie,
Mais peu maître de ma raison,
Car j’étais auprès d’Emilie.
ÉPÎTRE LV.
À QUI IL AVAIT DEMANDÉ CE QU’ELLE FAISAIT À CIREY.
Un peu philosophe et bergère,
Dans le sein d’un riant séjour.
Loin des riens brillants de la cour,
Des intrigues du ministère,
Des inconstances de l’amour,
- ↑ L’épître ou lettre à laquelle répondent ces vers n’est pas dans les Œuvres du roi de Prusse. (B.)