Et si ton goût sévère a pu désapprouver
Du brillant Torquato le séduisant ouvrage[1],
Entre Homère et Virgile il aura mon hommage.
Tandis que j’ai vécu, l’on m’a vu hautement
Aux badauds effarés dire mon sentiment ;
Je veux le dire encor dans ces royaumes sombres :
S’ils ont des préjugés, j’en guérirai les ombres.
À table avec Vendôme, et Chapelle, et Chaulieu,
M’enivrant du nectar qu’on boit en ce beau lieu,
Secondé de Ninon, dont je fus légataire,
J’adoucirai les traits de ton humeur austère.
Partons : dépêche-toi, curé de mon hameau,
Viens de ton eau bénite asperger mon caveau[2].
ÉPÎTRE CIV[3].
Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs
Crayonner les portraits de tes Trois Imposteurs,
- ↑ La Jérusalem délivrée du Tasse.
- ↑ Variante :
… Asperger mon tombeau. - ↑ Cette épître, classée jusqu’à ce jour en 1771, est de 1769. Non-seulement Voltaire en parle dans sa lettre à Mme du Deffant, du 15 mars 1769 ; mais la pièce est imprimée dans le tome VI de l’Évangile du jour, et dans la VIIIe partie des Nouveaux Mélanges, volumes qui portent la date de 1769. (B.)
- ↑ Ce livre des Trois Imposteurs est un très-mauvais ouvrage, plein d’un athéisme grossier, sans esprit, et sans philosophie. (Note de Voltaire, 1771.)
— En mars 1768 avait paru, en français, un ouvrage intitulé Traité des Trois imposteurs, 1768, in-8o, dont il existe d’autres éditions. On attribuait à l’empereur Frédéric II et à son chancelier des Vignes un ouvrage latin intitulé de Tribus Impostoribus, traité à l’existence duquel Voltaire ne croyait pas. C’est aussi l’opinion de La Monnoye (voyez sa Dissertation à la fin du quatrième volume du Ménagiana). Il existe un traité de Tribus Impostoribus, m. d. iic. (1598), petit