Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/517

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Qui paraît, fuit, revient, et naît en tous les temps :
Protée était son père, et son nom est la Mode.
Il est un dieu charmant, son modeste rival,
Toujours nouveau comme elle, et jamais inégal,
Vif sans emportement, sage sans artifice :
Ce dieu, c’est le Mérite. On l’adore dans vous.
Mais le Mérite enfin peut avoir un caprice;
Et ce dieu si prudent, que nous admirions tous,
A la Mode à son tour a fait un sacrifice.
Vous que pour Flamarens nous voyons soupirer,
Vous qui redoutez sa sagesse,
Amants, commencez d’espérer :
Flamarens vient enfin d’avoir une faiblesse.

INSCRIPTION

POUR l’urne qui RENFERME LES CENDRES DU MANCHON.

Je fus manchon, je suis cendre légère :
Flamarens me brûla, je l’ai pu mériter;
Et l'on doit cesser d’exister^
Quand on commence à lui déplaire.

89. — A MONSIEUR *** ^

QUI ÉTAIT A l’ARMEE d’ITALIE.
(1735)

Ainsi le bal et la tranchée.
Les boulets, le vin, et l’amour,
Savent occuper tour à tour
Votre vie, aux devoirs, aux plaisirs attachée.
Vous suivez de Villars les glorieux travaux,
A de pénibles jours joignant des nuits passables.
Eh bien, vous serez donc le second des héros,
Et le premier des gens aimables,

1. Variante :

Je devais cesser d’exister :
Je commentais à lui déplaire.

2. Le comte de Sade était aide de camp du maréchal de Villars; et c’est peut-être à lui qu’est adressée cette pièce. (B.)