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PRÉFACE HISTORIQUE ET CRITIQUE.


pas prononcée, on ne regarderait l’historien que comme un rhéteur.

Une troisième espèce de mensonge, et la plus grossière de toutes, mais qui fut longtemps la plus séduisante, c’est le merveilleux : il domine dans toutes les histoires anciennes, sans en excepter une seule.

On trouve même encore quelques prédictions dans l’Histoire de Charles XII par Nordberg ; mais on n’en voit dans aucun de nos historiens sensés qui ont écrit dans ce siècle ; les signes, les prodiges, les apparitions, sont renvoyés à la fable. L’histoire avait besoin d’être éclairée par la philosophie.

§ VIII[1].

Il y a un article important qui peut intéresser la dignité des

  1. Ce qui forme aujourd’hui le paragraphe VIII est une partie de ce qui formait, en 1763, la préface Au lecteur, de la seconde partie. Voici ce qui précédait le passage conservé :

    « L’empire de Russie est devenu de notre temps si considérable pour l’Europe que Pierre, son vrai fondateur, en est encore plus intéressant. C’est lui qui a donné au Nord une nouvelle face ; et, après lui, sa nation a été sur le point de changer le sort de l’Allemagne, et son influence s’est étendue sur la France et sur l’Espagne, malgré l’immense distance des lieux, l’établissement de cet empire est peut-être la plus grande époque pour l’Europe, après la découverte du nouveau monde. C’est uniquement ce qui engage l’auteur de la première partie de l’Histoire de Pierre le Grand à donner la seconde.

    Il y a quelques fautes dans plusieurs exemplaires du premier tome, dont on doit avertir le lecteur.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Page 26, Russie rouge, lisez : avec une partie de la Russie rouge. Au reste, il est bon d’apprendre aux critiques mal instruits que la Volhinie, la Podolie, et quelques contrées voisines, ont été appelées Russie rouge par tous les géographes.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    On peut laisser au pays d’Orembourg l’épithète de petit, parce qu’en effet ce gouvernement est petit en comparaison de la Sibérie à laquelle il touche. On peut substituer une peau d’ours à la peau de mouton que plusieurs voyageurs prétendent être adorée par les Ostiaks. Si ces bonnes gens rendent un culte à ce qui leur est utile, une fourrure d’ours est encore plus adorable qu’une peau de mouton, et il faut avoir une peau d’âne pour s’appesantir sur ces bagatelles.

    Que les barques construites par le czar Pierre Ier aient été appelées ou non demi-galères ; que Pierre ait logé d’abord dans une maison de bois ou dans une maison de briques, cela est, je crois, fort indifférent.

    Il y a des choses moins indignes des yeux d’un lecteur sage. Il est dit, par exemple, au premier volume, que les peuples du Kamtschatka sont sans religion. Des mémoires récents, etc. »

    Voyez les sept alinéas du chapitre Ier que j’indique comme ajoutés en 1763, et fondus dans le texte en 1768 ; après quoi l’auteur reprenait : « Au reste, il est bon d’avertir que l’illustre géographe Delisle appelle ce pays