été totalement défait à la journée de Gémavers lui fit encore plus de tort que cette bataille même. Un reste d’anciens strélitz, en garnison dans Astracan, s’enhardit, sur cette fausse nouvelle, à se révolter : ils tuèrent le gouverneur de la ville, et le czar fut obligé d’y envoyer le maréchal Sheremetof avec des troupes, pour les soumettre et les punir.
Tout conspirait contre lui : la fortune et la valeur de Charles XII, les malheurs d’Auguste, la neutralité forcée du Danemark ; les révoltes des anciens strélitz, les murmures d’un peuple qui ne sentait alors que la gêne de la réforme et non Futilité, les mécontentements des grands, assujettis à la discipline militaire, l’épuisement des finances ; rien ne découragea Pierre un seul moment : il étouffa la révolte, et ayant mis en sûreté l’Ingrie, s’étant assuré de la citadelle de Mittau, malgré Levenhaupt vainqueur, qui n’avait pas assez de troupes pour s’opposer à lui, il eut alors la liberté de traverser la Samogitie et la Lithuanie.
Il partageait avec Charles XII la gloire de dominer en Pologne : il s’avança jusqu’à Tykoczin ; ce fut là qu’il vit pour la seconde fois le roi Auguste ; il le consola de ses infortunes, lui promit de le venger, lui fit présent de quelques drapeaux pris par Menzikoff sur des partis de troupes de son rival ; ils allèrent ensuite à Grodno, capitale de la Lithuanie, et y restèrent jusqu’au 15 décembre. Pierre, en partant[1], lui laissa de l’argent et une armée, et, selon sa coutume, alla passer quelque temps de l’hiver à Moscou pour y faire fleurir les arts et les lois, après avoir fait une campagne très-difficile.
Pierre à peine était à Moscou qu’il apprit que Charles XII, partout victorieux, s’avançait du côté de Grodno pour combattre
- ↑ 30 décembre 1705. (Note de Voltaire.)