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L’A, B, C,

chez les religieux chevaliers de Malte que des esclaves de Turquie ou des côtes d’Afrique enchaînés aux rames de leurs galères chré- tiennes.

A.

Par ma foi, si des évêques et des rehgieux ont des esclaves, je veux en avoir aussi.

B.

Il serait mieux que personne n’en eût.

C.

La chose arrivera infaillihlement quand la paix perpétuelle ^ de l’abbé de Saint-Pierre sera signée par le Grand Turc et par toutes les puissances, et qu’on aura hàti la ville d’arbitrage auprès du trou qu’on voulait percer jusqu’au centre de la terre-, pour savoir bien précisément comment il faut se conduire sur sa sur- face.



NEUVIÈME ENTRETIEN.
DES ESPRITS SERFS.


B.

Si vous admettez l’esclavage du corps, vous ne permettez pas du moins l’esclavage des esprits?

A.

Entendons-nous, s’il vous plaît. Je n’admets point l’esclavage du corps parmi les principes de la société. Je dis seulement qu’il vaut mieux, pour un vaincu, être esclave que d’être tué, en cas qu’il aime plus la vie que la liberté.

Je dis que le nègre qui se vend est un fou, et que le père nègre qui vend son négrillon est un barbare, mais que je suis un homme fort sensé d’acheter ce nègre et de le faire travailler à ma sucrerie. Mon intérêt est qu’il se porte bien, afin qu’il travaille. Je serai humain en^ers lui, et je n’exige pas de lui plus de re- connaissance que de mon cheval, à qui je suis obligé de donner de l’avoine si je veux qu’il me serves Je suis avec mon cheval

1. Rêves d’un homme de bien, disait le cardinal Dubois. (B.)

2. Voyez tome XXIII, pages 5i’2, 5C8 et 575.

3. C’est ici une autre question. Puis-je, l’esclavage étant établi dans une société, acheter un esclave, qui sans cela deviendrait l’esclave d’un autre, que je traiterai avec humanité, à qui je rendrai la liberté lorsqu’il m’aura valu ce qu’il m’aura coûté, si alors il est encore en état de vivre de son travail, et à qui je