Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/522

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et ayez votre possession avec le Christ. Nicodème dit : Ainsi soit-il, que je la reçoive comme vous l’avez dit.

VI. — Un certain autre, sortant d’entre les Juifs, priait le gouverneur qu’il voulût entendre une parole. Le gouverneur dit : Dites tout ce que vous voulez dire. J’ai été couché pendant trente ans à Jérusalem auprès de la piscine probatique[1], souffrant un grande infirmité, attendant la santé, qui revenait à l’arrivée de l’ange qui troublait l’eau selon le temps ; et celui qui descendait le premier dans l’eau après l’agitation de l’eau était guéri de toute infirmité ; et Jésus, m’y trouvant languissant, me dit : Voulez-vous être guéri ? Et je répondis : Seigneur, je n’ai pas un homme qui me mette dans la piscine, lorsque l’eau aura été troublée ; et il me dit : Levez-vous, prenez votre lit, et marchez. Et, étant guéri sur-le-champ, je pris mon lit et je marchai. Le Juifs disent à Pilate : Seigneur gouverneur, demandez-lui quel jour c’était quand ce languissant fut guéri. Le languissant guéri dit : Le sabbat. Les Juifs disent à Pilate : N’est-ce pas ainsi que nous vous avons appris qu’il guérit dans le sabbat, et qu’il chasse les démons par le prince des démons ? Et un certain autre Juif sortant dit[2] : J’étais aveugle, j’entendais les voix, et ne pouvais voir personne, et comme Jésus eut passé, j’entendis la troupe qui passait, et je demandai ce que c’était ; et ils me dirent que Jésus passait ; et je criai, disant : Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ; et, s’arrêtant, il me fit conduire vers lui, et me dit : Que voulez-vous ? Et je dis : Seigneur, que je voie ; et il me dit : Regardez ; et aussitôt je vis, et je le suivis plein de joie et rendant grâces. Et un autre Juif sortant dit : J’étais lépreux, et il m’a guéri d’une seule parole, disant : Je veux[3], soyez guéri ; et tout d’un coup je fus guéri de la lèpre. Et un autre Juif sortant dit : J’étais courbé[4], et il m’a redressé d’une parole.

VII. — Et une certaine femme[5], nommée Véronique, dit : J’avais une perte de sang depuis douze ans, et j’ai touché la frange de son vêtement, et aussitôt le flux de mon sang s’est arrêté. Le Juifs disent : Nous avons une loi[6] qu’une femme n’est pas reçue en témoignage ; et un certain Juif, après autres choses, dit : J’ai vu Jésus[7] être invité à des noces avec ses disciples, et le vin manquer en Cana de Galilée ; et lorsque le vin eut manqué, il

  1. Jean, v, v. 5. (Note de Voltaire.)
  2. Marc, x, v. 46. (Id.)
  3. Matth., viii, v. 3. (Id.)
  4. Luc, xiii, v. 12, dit que c’était une femme. (Id.)
  5. Matth., ix, v. 20, ne dit pas son nom. (Note de Voltaire.)
  6. Selden., liv. II, de Synedr., xiii, n° 11. (Id.)
  7. Jean, ii. (Id.)