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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/189

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Je suis bien loin d’admettre du merveilleux dans ma difficulté ; ce sont les opticiens qui, en ne l’expliquant pas, en font une espèce de miracle. Il n’y a que l’obscur qui soit merveilleux, et je ne cherche qu’à ôter l’obscurité qui enveloppe depuis longtemps cette question. Il me paraît qu’elle en vaut la peine, et qu’elle tient à une théorie assez sûre et assez curieuse. Voulez-vous vous donner la peine de voir Grimaldi, page 312, et Barrow, ad finem lectionum  ? Vous trouverez la chose très-obscurément énoncée dans Barrow, et très-clairement dans Grimaldi ; mais, de raison, ni l’un ni l’autre n’en donnent. Voici le fait :

Prenez un miroir concave ; tenez votre montre dans une main, à la distance d’un demi-pied du miroir ; reculez ensuite petit à petit le miroir de votre œil : plus vous le reculez, plus votre montre vous paraît près, jusqu’à ce qu’enfin elle semble être sur la surface du miroir d’une manière très-confuse ; reculez encore un peu plus, vous ne voyez plus rien du tout.

Or, lorsque vous voyez ainsi l’objet de très-près, vous devriez le voir très-loin, par la règle de catoptrique qui vous dit que vous verrez l’objet au point d’intersection de la perpendicule d’incidence et du rayon réfléchi. Ce point d’intersection est très-loin derrière votre œil, et, malgré cela, l’objet vous semble très-près. J’aurai bien de la peine à faire ma figure, car je suis très-maladroit.

Le rayon parti de l’objet A fait un angle d’incidence sur la droite infiniment petite de la courbe du miroir ; l’angle de ré-