Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/564

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est très à sa place. Il respecte, il aime Tancrède comme un grand homme, il sait que le nom de Tancrède est révéré dans la maison ; il est plein de cette idée ; il la confond avec un simple message. Et quand Aldamon dit ce vers : Je réponds du succès, etc., Tancrède a bien meilleur air à dire avec enthousiasme :


Il sera favorable, etc…


Je vous prie très-instamment, mon cher ami, de représenter toutes ces choses à M. d’Argental, et de remettre absolument le troisième acte comme il est. Vous me feriez un tort irréparable si vous continuiez à m’exposer ainsi devant le public, et surtout si l’on imprimait la pièce dans l’état où elle est, par ma négligence et mon absence. Voyez à quoi je serais réduit si Prault imprimait la pièce avant que je vous l’aie envoyée, signée de ma main. Prévenez ce coup, pour vous et pour moi.

Je ne peux entrer ici dans aucun détail ; mais je dois vous dire que, dans la fermentation des esprits, au milieu de la guerre civile littéraire, il faut s’attendre, les premiers jours, aux critiques les plus injustes. C’est une poussière qui s’élève et qui se dissipe bientôt. Je vous embrasse de tout mon cœur.


4273. — À M. PALISSOT[1].
Au château de Ferney, par Genève, 24 septembre.

Je dois me plaindre, monsieur, de ce que vous avez imprimé mes lettres[2] sans mon consentement. Ce procédé n’est ni de la

  1. Je suis pour cette lettre le texte donné par M. Renouard, qui a eu l’original à sa disposition. Cependant Palissot, en le faisant imprimer en 1802, page 134 du tome XLIX de son édition des Œuvres de Voltaire, lui donne la date du 24 novembre, qu’il lui a conservée, en 1809, dans l’édition de ses propres Œuvres (tome I, page 461). Mais Palissot ne s’est pas borné à changer la date, il a changé le texte dans plusieurs passages ; mais c’est fort peu de chose, comme on le verra par les variantes que je donne.

    Une copie de la main de Wagnière présentait, de son côté, de si grandes différences que plusieurs de mes prédécesseurs l’ont aussi imprimée ; c’est aussi ce que j’ai fait. (B.) — Voyez n° 4288.

  2. Palissot avait publié sa correspondance avec Voltaire sous le titre de : Lettres de M. de Voltaire à M. Palissot, avec les réponses à l’occasion de la comédie des Philosophes ; 1760, in-12 de 68 pages. Les lettres de Voltaire sont celles des 4 et 23 juin, et du 12 juillet. Il n’y a qu’un fragment de cette dernière (voyez une note de la lettre 4184). Le recueil de Palissot est terminé par une lettre à un journaliste.