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4805. — À M.  COLINI.
Aux Délices, 20 janvier.

Mon cher Colini, le paquet que j’ai adressé à Son Altesse électorale[1] était si gros que je n’ai pas osé y mettre un autre nom que le sien, de peur que la poste refusât de s’en charger. Au reste, cette pièce dont vous parlez n’est qu’une simple esquisse, et je travaille à rendre l’ouvrage[2] plus digne de lui.

Je suis bien vieux et bien cassé ; ma vue s’affaiblit ; mes oreilles deviennent bien dures ; cependant je ne perds jamais de vue l’affaire de Francfort, et je ne désespère pas d’obtenir justice : j’espère beaucoup des Russes. Il faudra bien qu’à la fin les Schmith et les Freytag connaissent qu’il y a une Providence. J’aiderai un peu cette Providence, si j’ai la force de faire un voyage ; et comme on espère toujours, j’espère faire un voyage, et vous embrasser, dès que je serai quitte de mon Pierre Corneille.

Addio, caro ! V.


4806. — À. M.  DUCLOS.
Aux Délices, 20 janvier.

Ni le petit Mémoire[3], monsieur, que vous avez eu la bonté de communiquer à l’Académie, ni aucun des commentaires qu’elle a bien voulu examiner, ne sont destinés à l’impression : ce ne sont, je le répète encore, que des doutes et des consultations. Je demande les avis de l’Académie, pour pressentir le jugement du public éclairé, et pour avoir un guide sûr qui me conduise dans un travail très-épineux et très-pénible. Non-seulement je consulte l’Académie en corps, mais je m’adresse à des membres qui ne peuvent assister aux assemblées.

M. le cardinal de Bernis, par exemple, a présentement entre les mains mes doutes sur Rodogune, et je vous les enverrai dès qu’il me les aura rendus. Encore une fois, il s’agit d’avoir toujours raison, et je ne peux demander trop de conseils.

Je tâche d’égayer et de varier l’ouvrage par tous les objets de comparaison que je trouve sous ma main ; voilà pourquoi je rapporte la chanson des sorcières de Shakespeare[4], qui arrivent

  1. Charles-Théodore, électeur palatin.
  2. La tragédie d’Olympie.
  3. Il appelle ainsi la lettre du 25 décembre ; voyez n° 4788.
  4. Voyez, tome XLI, page 564.