Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/472

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Voilà les beaux jours qui arrivent ; que ne puis-je venir vous voir ! Mais je suis dans ma soixante-douzième année, et il faut que j’achève l’édition de Corneille, etc. V.


5272. — À M.  DEBRUS[1].

Eh bien ! il n’y a pas si grand mal qu’on ait arrêté ces deux volumes des Lettres toulousaines. Mais je pense qu’à présent ces lettres ne peuvent faire ni bien ni mal, quand les procédures de Toulouse seront parties pour Paris.

Si M. Debrus veut faire donner à la servante un louis d’or de ma part, M. Cathala le lui remboursera ; je le supplie de vouloir bien faire mes compliments à M. Dumas et à Mme  Calas. J’ignore si M. Dumas a été à l’audience de M. le duc de Choiseul ; je présente mes obéissances à M. Debrus et à M. de Végobre[2].


5273. — À M.  LE CHEVALIER DE LA MOTTE-GEFRARD.
Avril.

J’ai lu, monsieur, la lettre de votre bacha[3] ; tout ce qui m’étonne, c’est qu’ayant été exilé dans l’Asie Mineure, il n’alla pas servir le sophi de Perse Thamas Kouli-kan ; il aurait pu avoir le plaisir d’aller à la Chine, en se brouillant successivement avec tous les ministres : sa tête me paraît avoir eu plus besoin de cervelle que d’un turban. Il y avait un peu de folie à vouloir se battre avec le prince Eugène, président du conseil de guerre ; c’est à peu près comme si un de nos officiers appelait en duel le doyen des maréchaux de France. Que ne proposait-il aussi un duel au grand vizir ? Cependant on pourrait tirer quelque parti de sa lettre, en élaguant les inutilités, en adoucissant les choses flatteuses qu’il dit de notre ambassadeur M. de Villeneuve, et en donnant quelques coups de lime au style grivois du bacha ; on lui passera tout, parce qu’il était un homme aimable.

Je voudrais bien être à portée, monsieur, de vous prouver avec quels sentiments respectueux j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Au dos : « Avril 1763. M. de Voltaire. »
  3. M. de Bonneval, qui s’était fait Turc. (K.)