Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/561

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tend que cela pourrait bien finir par une prise d’armes. Je ne serais pas fâché de voir une guerre civile pour le Vicaire savoyard : je ne crois pas qu’il y en ait dans Paris pour Saül et David.

J’espère que mon cher frère aura la charité de m’envoyer cette pièce édifiante, que je ne connais point du tout.

Voici encore un petit mot pour M. Mariette. J’importune beaucoup mon frère ; mais quand on a un procès contre la sainte Église, il faut bien s’adresser aux sages. J’embrasse mon sage frère. Écr. l’inf…


5382. — À M.  MARIETTE.
21 auguste.

Je supplie M. Mariette de me faire réponse à mi-marge aux questions[1] qu’il a dû recevoir de moi. Un mot de sa main suffira pour m’éclairer. J’attends ce mot avec impatience. V.


5383. — À M.  LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[2].
Ferney, 21 auguste.

Monseigneur, vous voulez des assassinats, vous en aurez. En voici une paire[3] dans le paquet de M. d’Argental. Si vous voulez, vous lirez ces rogatons avant mes anges, ou bien vous les lirez avec mes anges.

Pendant que je vous envoie des tragédies, M. de Montpéroux vous fait sans doute le récit de la farce de Genève. Vous verrez comme les enfants de Calvin ont changé. Il est assez plaisant de voir tout un peuple demander réparation pour Jean-Jacques Rousseau. Ils disent qu’il est vrai qu’il a écrit contre la religion chrétienne, mais que ce n’est pas une raison assez forte pour oser donner une espèce d’assigné pour être ouï à un citoyen de Genève ; que si un citoyen de Genève trouve la religion chrétienne mauvaise, il faut discuter ses raisons modestement avec lui, et ne pas le juger sans l’avoir entendu, etc.

Vous entendrez bientôt parler de la cité de Genève, et je crois que vous serez obligé d’être arbitre entre le peuple et le magistrat : car vous êtes garant des lois de cette petite ville, comme du traité de Westphalie. Cela vous amusera, et vous aurez le plaisir d’exercer vos talents de pacificateur de l’Europe.

  1. Elles sont perdues.
  2. L’Amateur d’autographes, année 1863, page 321.
  3. Le Triumvirat.