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5385. — À M.  DAMILAVILLE.
23 auguste.

Mon cher frère, ne bénissez-vous pas Dieu de voir le peuple de Calvin prendre si hautement le parti de Jean-Jacques ? Ne considérons point sa personne, considérons sa cause. Jamais les droits de l’humanité n’ont été plus soutenus ; il n’y a point d’exemple de pareille aventure dans l’histoire de l’Église. Fratres, orate, et vigilate[1].

J’apprends qu’un forban de libraire de Paris vient d’imprimer le Droit du Seigneur tout défiguré, d’après quelque copie informe faite à la Comédie ; cela, joint à l’aventure de David, m’oblige de faire mettre dans les papiers publics un petit Avertissement : a qui puis-je mieux m’adresser qu’à mon cher frère ?

Je suis bien sûr que vous avez eu la bonté de faire rendre tous mes paquets à M. Mariette. Quand recommencera-t-il l’affaire des Calas ?

Voyez-vous quelquefois Élie de Beaumont, qui est à mon gré si supérieur à Christophe[2] ?

Salut à l’Encyclopédie ! Écr. l’inf…


5386. — À M.  THIERIOT.
23 auguste.

Frère, vraiment on a raison de remarquer que ce sont les Rémois qui font la dépense de la statue, et que, par conséquent, ce n’est pas à eux à se louer. Il faudra, s’il vous plaît, rayer ces deux vers-là ; mais donnez toujours ma lettre à M. Pigalle[3] afin qu’il ne croie pas que je suis un paresseux qui ai négligé de lui répondre.

Je ne sais quel fripon de Paris vient de faire imprimer le Droit du Seigneur sur une mauvaise copie transcrite à la Comédie. Le brigandage est partout. On a imprimé aussi je ne sais quelle tragédie de David, traduite de l’anglais, avec mon nom à la tête. Les gens sont bien méchants.

J’envoie à notre cher frère un beau désaveu[4] pour mettre

  1. On lit dans Matthieu, xxvi, 41, et dans Marc, xiii, 33, Vigilate et orate.
  2. Christophe de Beaumont, archevêque de Paris.
  3. 5364.
  4. Celui qui est ci-dessus, page 542.