dans les papiers publics. Je vois qu’on persécutera toujours les saints ; mais aussi vous savez qu’ils auront la vie éternelle. Quid novi ? Portez-vous bien.
Votre Excellence saura que je deviens quinze-vingts ; que je suis des mois entiers sans pouvoir écrire. Si l’air de Turin vous a donné une entrave[1] ou un clou, l’air du lac pourrait bien m’ôter entièrement la vue.
Vous vous amusez, monsieur, à faire des enfants comme les pauvres gens. Vous aurez bientôt une famille nombreuse : tant mieux ; il ne saurait y avoir trop de gens qui vous ressemblent. Je ne suis pas si content de monsieur le coadjuteur que de vous. Vous savez sans doute que nous appelions autrefois monsieur l’abbé[2] le coadjuteur. Il a oublié l’ancienne amitié dont il m’honorait, parce qu’il a cru que je ne criais pas assez haut : Vive monsieur le coadjuteur !
Je sais que je devrais, plus humble en ma misère,
Me souvenir du moins que je parle à son frère[3] ;
aussi je lui pardonne de tout mon cœur. Il est impossible de ne
pas aimer la rage qu’il a pour le bien public.
J’avais bien recommandé aux Cramer de vous envoyer toutes les misères dont vous voulez bien me parler ; mais l’un est allé à Paris, l’autre à la campagne, et je vois que Votre Excellence n’a point été servie. Je leur ferai bien réparer leur faute : je vous demande très-humblement pardon de leur négligence.
Le bruit a couru que l’infant[4] voyagerait l’année prochaine, et qu’il passerait par Genève ; je souhaite que vous en fassiez autant. Je sais que vos amis de Paris soupirent après votre retour. Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits ; mais il n’en est pas de même quand les esprits bien faits ont des cœurs sensibles.
Je crois que vous verrez à Turin M. de Schouvalow, ci-devant