Platon est revenu de la cour de Denis ; il en dit des merveilles. Il prétend que ce n’est point à ses pieds qu’on doit chercher ses oreilles ; enfin il est comblé de gloire, en attendant qu’il soit vêtu de moire.
J’aimerais à la folie avoir une correspondance avec vous, si vous étiez bien aise d’en avoir avec moi, mais vous n’avez jamais rien à me dire ; ce n’est que par le public que j’apprends ce que vous pensez, ce que vous dites, ce que vous faites ; vous ne me jugez digne d’aucune confiance.
Laissons François II tel qu’il est ; c’est un genre qu’il est difficile de perfectionner ; il est plus court de ne pas l’admettre.
Oh ! monsieur de Voltaire, avez-vous lu M. Thomas ? Il devait dire avant son discours : Allons, faquins, il vous faut du sublime ! Je suis indignée de l’éloquence régnante, j’aime mieux le style des halles. La pièce de Saurin[1] vient de tomber à plat.
Adieu, monsieur ; ne m’oubliez pas, et envoyez-moi quelque chose qui m’amuse, j’en ai besoin : je péris de langueur et d’ennui.
Mon cher géant[2], vraiment votre lettre est d’un vrai philosophe : vous êtes un Anacharsis, et d’Alembert n’a pas voulu l’être. Je ne sais pourquoi le philosophe de Paris n’a pas osé aller chez la Minerve de Russie : il a craint peut-être le sort d’Ixion.
Pour votre Jean-Jacques, ci-devant citoyen de Genève, je crois que la tête lui a tourné quand il a prophétisé contre les établissements de Pierre le Grand[3]. J’ai peut-être mieux rencontré quand j’ai dit que si jamais l’empire des Turcs était détruit, ce serait par la Russie[4] ; et sans l’aventure du Pruth[5], je tiendrais ma prophétie plus sûre que toutes celles d’Isaïe.
Votre auguste Catherine seconde est assurément Catherine unique ; la première ne fut qu’heureuse. J’ai pris la liberté de lui envoyer quelques exemplaires du second tome de Pierre le Grand, par M. de Balk. Je me flatte qu’elle y trouvera des vérités. J’ai eu de très-bons mémoires ; je n’ai songé qu’au vrai : je sais heureusement combien elle l’aime.
Ce qu’elle a daigné dicter à son géant me paraît d’un esprit bien supérieur. Ô qu’elle a raison, quand elle fait sentir cette