que Marc-Michel Rey, imprimeur de Jean-Jacques, a eu l’abominable impudence de mettre sous mon nom[1] le Jean Meslier, ouvrage connu de tout Paris pour être de ce pauvre prêtre ; le Sermon des Cinquante, de La Mettrie ; l’Examen de la Religion, attribué à Saint-Évremont, etc. ? Tout a été incendié à la Haye, avec le Portatif ; voilà une bombe à laquelle on ne s’attendait point.
Je prends toutes les mesures nécessaires pour détruire tant de calomnies ; mais j’ai grand’peur qu’Omer ne se réveille au bruit de la bombe. Il serait triste qu’on vînt m’enfumer dans mon terrier à l’âge de soixante-onze ans. Mme Denis, ma nièce, a écrit à d’Hornoy, son neveu, conseiller au parlement, et lui a insinué d’elle-même qu’il devait aller, si cela était nécessaire, parler à Omer au palais, et lui dire que, s’il fait une sottise, il ne doit pas au moins me nommer dans sa sottise ; qu’il offenserait sans raison une famille nombreuse qui sert le roi dans la robe et dans l’épée ; qu’il est sûr que le Portatif n’est point de moi, et que cet ouvrage est d’une société de gens de lettres très-connus dans les pays étrangers.
Vous avez vu mon d’Hornoy à l’occasion d’une certaine Olympie ; seriez-vous homme à le voir à l’occasion d’un certain Portatif. Pourriez-vous l’encourager, s’il a besoin qu’on l’encourage ? Vous êtes un vrai frère, qui secourez dans l’occasion les frères opprimés.
On doit avoir actuellement les édits ; j’en suis curieux comme d’une pièce nouvelle. Mandez-moi, je vous prie, si cette pièce réussit, ou si elle est sifflée. L’Arbitrage[2] ne fera pas une grande sensation ; on est las de toutes ces disputes ; et quand il s’agit de sottises présentes, on se soucie fort peu de celles qui sont attribuées au cardinal de Richelieu.
Il y a d’autres sottises qui doivent être l’objet éternel de l’attention des frères ; partant, ècr. l’inf…
Vous avez écrit à un aveugle, monsieur, et j’espère que je ne serai que borgne quand j’aurai l’honneur de vous revoir. Soyez sûr que je vous verrai de très-bon œil, s’il m’en reste un. Les neiges du mont Jura et des Alpes m’ont donné d’abominables