Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/478

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malheureux David[1] est actuellement rongé de remords. Jouissez de l’honneur et du plaisir d’être le vengeur de l’innocence. Toute cette affaire vous a comblé de gloire. Il ne reste plus aux Toulousains qu’à vous faire amende honorable, en abolissant pour jamais leur infâme fête, en jetant au feu les habits des pénitents blancs, gris, et noirs, et en établissant un fonds pour la famille Calas ; mais vous avez affaire à d’étranges Visigoths.

M. Damilaville vous a-t-il parlé d’une autre famille de protestants[2] exécutée en effigie à Castres, fugitive vers notre Suisse, et plongée dans la misère pour une aventure presque en tout semblable à celle des Calas ? On croit être au siècle des Albigeois quand on voit de telles horreurs ; on dit que nous sommes au siècle de la philosophie, mais il y a encore cent fanatiques contre un philosophe. Jugez quelles obligations nous vous avons.

Mille respects, je vous prie, à Mme de Beaumont, qui est si digne de vous appartenir.


5925. — À M. DAMILAVILLE.
27 février.

Mon cher frère, j’ai oublié, dans mes lettres, de vous demander quel est l’honnête homme qui veut avoir le recueil de mes bagatelles. Voulez-vous bien joindre à toutes vos bontés celle de faire acheter un exemplaire chez l’enchanteur Merlin, et de mettre cette petite dépense sur le compte de ce que je vous dois ?

J’apprends que la pièce de mon ami De Belloi a beaucoup de succès ; je souhaite qu’elle soit aussi pathétique que le mémoire de M. de Beaumont ; ce serait bien là le cas de crier : L’auteur ! l’auteur ! Pour moi, si j’étais à l’audience quand on jugera les Calas, je crierais : Beaumont ! Beaumont !

Voici un petit billet[3] que j’ai l’honneur de lui écrire. Permettez que j’y ajoute ma réponse à M. Berger[4], qui s’est avisé de m’écrire, au bout de trente ans, au sujet de mes prétendues Lettres secrètes. Dieu merci, on les a renvoyées en Hollande.

  1. Capitoul de Toulouse ; voyez tome XXV, page 21.
  2. Les Sirven ; voyez tome XXV, page 517.
  3. La lettre qui précède, n° 5924.
  4. Lettre 5923.