Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/537

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pistolets à tirer contre l’inf… M. de La Haye vous a sans doute remis son petit paquet[1]. On tâchera de vous fournir de petites provisions, toutes les fois qu’on pourra se servir d’un honnête voyageur.

Voici les deux feuillets signés Sirven[2]. J’ignore toujours si le parlement de Toulouse osera faire des remontrances. Je ne suis pas plus content que vous des ménagements qu’on a gardés en réhabilitant les Calas, et je suis affligé de voir tant de délais aux grâces que le roi doit leur accorder. Ce n’est pas assez d’être justifié, il faut être dédommagé ; et si le roi ne paye pas, il faut bien que ce soit David[3] qui paye.

Je suppose qu’à présent vous avez la sentence et l’arrêt contre Sirven, et qu’il ne manque plus rien à Élie pour être deux fois en un an le protecteur de l’innocence opprimée.

L’ouvrage dont vous me parlez à la fin de votre lettre du premier d’avril est aussi détestable que vous le dites, et ce n’est pas un poisson d’avril que vous me donnez. Je ne crois pas qu’il y ait deux avis sur cela parmi les connaisseurs ; mais vous sentez bien qu’il ne m’appartient pas de dire mon avis. On dit qu’il y a des préjugés qu’il faut respecter, et celui-là est respectable pour moi[4].

Ne pourrais-je savoir le nom du théologien dénonciateur à qui nous sommes redevables de la plus jolie réfutation qu’on ait faite[5] ? Et la Destruction, qu’en dirons-nous ? Est-elle arrivée ? est-elle en sûreté ?

Gabriel ne m’a point fait voir les dernières épreuves de cette Destruction ; il est un peu négligent. Il m’assure que, malgré les tracasseries de Genève, qui l’occupent beaucoup, il sera encore plus occupé de la tracasserie du théologien.

Embrassez pour moi les frères. Je vous salue tous dans le saint amour de la vérité. Ècr. l’inf…


5985. — À MADAME LA BARONNE DE VERNA.
Ferney, 12 avril.

Je suis un bien mauvais correspondant, madame ; mais je n’en suis pas moins sensible aux bontés dont vous m’honorez.

  1. Voyez lettre 5970.
  2. Voyez aussi lettre 5970.
  3. Le capiloul ; voyez tome XXV, page 21.
  4. Il s’agit probablement de la tragédie du Siége de Calais, par de Belloy.
  5. Les Observations, dont nous avons donné le titre page 525.