Je suis toujours très-languissant. J’ai besoin du repos de l’âme. Je voudrais qu’on cessât de prendre garde à moi, et qu’on ne m’imputât point de mauvaises plaisanteries que deux hommes de l’Académie de Berlin ont faites depuis quelques mois sur les miracles de Rousseau. Ce sont des lettres[1] dont en effet quelques-unes sont assez comiques, mais qui pourraient l’être davantage si on s’était livré à tout ce que le sujet fournissait.
Je n’ai point encore reçu le ballot[2] de Fauche. Tout le monde m’abandonne dans cette rude saison : vous en jugerez par la réponse que je fais à Briasson[3]. Je recommande ce petit billet à vos bontés.
Les Sirven arrivent dans le moment, avec réponse à tout. Je crois ne pouvoir mieux faire que de ne pas différer à vous envoyer le paquet ; je l’adresse, par la poste, à M. Héron, premier commis de la chancellerie et des finances, et je vous fais parvenir cette lettre par mon cher et vertueux ami M. Damilaville, afin que s’il arrive malheur à l’un de ces paquets, l’autre puisse y remédier.
Je présente mon respect à l’illustre personne digne d’être la femme de M. de Beaumont.
Je n’ai rien à vous mander, monsieur le marquis, et cependant je vous écris. J’ai pensé mourir de froid et de fluxion de poitrine. Je ne suis pas encore tout à fait en vie ; mes dernières volontés sont que vous ayez la bonté de faire rendre les deux chiffons ci-joints à vos deux protégés, MM. de La Harpe et de Chamfort. Je vous serai très-obligé de vouloir bien être mon exécuteur testamentaire. Je vous prie par ce codicille de continuer à être inflexible sur les mauvais ouvrages et sur le mauvais goût ; de juger des choses malgré les noms, de ne jamais
- ↑ Les Lettres (ou Questions) sur les miracles ; voyez tome XXV, page 357.
- ↑ Il en a déjà parlé dans la lettre 6232.
- ↑ Cette lettre à Briasson manque.