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ANNÉE 1766.

Je vous prie de vouloir bien me faire un plaisir, c’est d’envoyer l’édition complète de Cramer à M. de La Harpe. Ce n’est pas qu’assurément je prétende lui donner des modèles de tragédies ; mais je suis bien aise de lui montrer quelques petites attentions dans son malheur[1].

Je n’ai point reçu le panégyrique[2] fait par M. Thomas. Sûrement on fait examiner secrètement le Dictionnaire des sciences, puisqu’il n’est pas encore délivré aux souscripteurs. Mais qui sont les examinateurs en état d’en rendre un compte fidèle ? Faudrait-il qu’un scrupule mal fondé, ou la malignité d’un pédant, fit perdre aux souscripteurs leur argent, et aux libraires leurs avances ? J’aimerais autant refuser le payement d’une lettre de change, sous prétexte qu’on en pourrait abuser.

Voici trois exemplaires[3] que M. Boursier m’a remis pour vous être envoyés. Il dit que vous ne ferez pas mal d’en adresser un au prêtre de Novempopulanie[4]. Vous voyez que la justice de Dieu est lente, mais elle arrive :


Sequitur pede Pœna claudo.

(Hor., liv. III, od. ii.)

Il y a des gens auxquels il faut apprendre à vivre, et il est bon de venger quelquefois la raison des injures des maroufles.

Nous avons ici la médiation, et je crois que vous ne vous en souciez guère. J’attends toujours quelque chose de Fréret[5]. On dit que ma nièce de Florian passera son temps agréablement à Hornoy, vous irez la voir ; elle est bien heureuse.

Adieu, mon très-cher ami ; je vous embrasse bien tendrement. Écr. l’inf…


6307. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET[6].
Ferney le 1er avril.

Mon cher maître, je ne vous donne point un poisson d’avril quand je vous dis que je vous aimerai tendrement toute ma vie,

  1. Le Gustave, tragédie de La Harpe, avait été joué, le 3 mars, sans succès.
  2. Éloge de Louis, dauphin, 1766, in-12.
  3. De la Lettre pastorale à M. l’archevêque d’Auch, J. -F. Montillet ; voyez tome XXV, page 469.
  4. J. -F. Montillet, archevêque d’Auch.
  5. l’Examen des apologistes de la religion chrétienne. Ce livre, publié sous le nom de Fréret, 1766, in-8o, est de Lévesque de Burigny.
  6. Éditeurs, de Cayrol et François.