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ANNÉE 1766.

toujours très-persuadé que votre ami de Paris y trouverait un grand avantage, il n’y a peut-être que la mauvaise santé de mon correspondant de Suisse qui pût déranger ce projet ; mais si la chose était une fois en train, ni ses maladies ni sa mort ne pourraient empêcher l’établissement de subsister. Il ne s’agit que de se rassembler sept ou huit bons ouvriers dans des genres différents, ce qui ne serait point du tout malaisé.

Le seigneur allemand[1] à qui on s’est adressé a eu la petite indiscrétion d’en dire quelque chose à un jeune homme[2] qui peut l’avoir mandé à Paris. On n’était point encore entré avec lui dans les détails : on ne lui avait point recommandé le secret ; on a tout lieu d’espérer qu’étant actuellement mieux instruit, cette petite affaire pourra se conclure avec la plus grande discrétion.

On soutient toujours à Hornoy que tout ce qu’on a dit du sieur Belleval est la pure vérité. Ces anecdotes peuvent très-bien s’accorder avec les autres ; elles servent à redoubler l’horreur et l’atrocité de cette affaire, qui est peut-être entièrement oubliée dans Paris : car on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite, et qu’on l’oublie de même.

Nous doutons fort que le Dictionnaire des Sciences et des Arts[3] soit donné de longtemps aux souscripteurs de Paris. Mais, quoi qu’il en soit, le projet de réduire cet ouvrage, et de l’imprimer en pays étranger, est extrêmement approuvé. Plût à Dieu que je visse le commencement de cette entreprise ! Je mourrais content, dans l’espérance que le public en verrait la fin.

On dit qu’on fait des recherches chez tous les libraires dans les provinces de France. On a déjà mis en prison, à Besançon, un libraire nommé Fantet[4]. Nous ne savons pas encore de quoi il est question.

Toute notre famille vous fait les plus tendres compliments. Nous espérons recevoir de vous incessamment le mémoire en faveur du Breton[5], et ensuite celui du Languedochien[6].

Adieu, monsieur ; on vous aime bien tendrement.


Boursier et compagnie.
  1. Frédéric, roi de Prusse.
  2. Le fils du médecin Tronchin ; voyez les lettres 6474 et 6482.
  3. Ou l’Encyclopédie.
  4. Voyez la Lettre d’un membre du conseil de Zurich, tome XXVI, page 105.
  5. La Chalotais.
  6. Sirven.