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à la seconde édition quelques morceaux de littérature qu’il m’a confiés[1], et qui me paraissent très-curieux. Je vous prie de compter pour jamais sur l’estime et l’amitié qui m’attachent à vous.


6523. — À M.  DAMILAVILLE.
26 septembre.

Vous semblez craindre, mon cher ami, par votre lettre du 23, que l’on ne fasse quelque difficulté sur le bel exorde que vous avez mis à votre certificat ; je ne vous en ai pas moins d’obligation, et je la sens dans le fond de mon cœur. Je compte faire imprimer ce certificat[2] avec les autres, que j’enverrai à tous les journaux ; je n’aurai pas de peine à confondre la calomnie. Il me semble que nous sommes dans le siècle des faussaires ; mais mon étonnement est que les faussaires soient si maladroits. Comment peut-on insérer, dans des lettres déjà publiques, des impostures si atroces et si aisées à découvrir ? Ce qui me fâche beaucoup, c’est que ces lettres se vendent à Genève. Mme  la comtesse de Brionne[3], qui daigne venir à Ferney, ne sera-t-elle pas bien régalée de ce beau libelle ? Elle y trouvera sa maison outragée.

Je ne sais où prendre ce M. Deodati, qui me doit un témoignage authentique de la vérité : c’est à lui qu’est écrite la lettre si indignement falsifiée. Je n’ai point reçu de réponse à la lettre que je lui ai écrite[4] : il faut ou qu’il ne soit point à Paris, ou qu’il soit malade, ou qu’il ne sache pas remplir les premiers devoirs de la société. Ma famille juge que la chose est importante. Je serai peut-être obligé de m’adresser à monsieur le lieutenant de police. Je connais votre cœur, mon cher ami ; vous mettrez de l’empressement à trouver ce Deodati, et à lui faire remplir son devoir. Voilà une fort sotte affaire ; mais la plupart des affaires de ce monde sont fort sottes ; on est bien heureux quand l’atrocité ne se joint pas à la sottise.

Je vous ai déjà mandé que M. le duc de Choiseul et M. le duc de Praslin souhaitaient M. Chardon pour rapporteur. J’ignore

  1. La première édition du Triumvirat contient ces deux morceaux, qu’on peut voir tome XXV, page 587 et tome XXVI, page 1 ; voyez aussi lettre 6575.
  2. C’est celui qui est tome XXV, page 580.
  3. Voyez un quatrain de Voltaire sur le buste de Mme  de Brionne, tome XLIII, page 235.
  4. Voyez lettre 6491.