à la seconde édition quelques morceaux de littérature qu’il m’a confiés[1], et qui me paraissent très-curieux. Je vous prie de compter pour jamais sur l’estime et l’amitié qui m’attachent à vous.
Vous semblez craindre, mon cher ami, par votre lettre du 23, que l’on ne fasse quelque difficulté sur le bel exorde que vous avez mis à votre certificat ; je ne vous en ai pas moins d’obligation, et je la sens dans le fond de mon cœur. Je compte faire imprimer ce certificat[2] avec les autres, que j’enverrai à tous les journaux ; je n’aurai pas de peine à confondre la calomnie. Il me semble que nous sommes dans le siècle des faussaires ; mais mon étonnement est que les faussaires soient si maladroits. Comment peut-on insérer, dans des lettres déjà publiques, des impostures si atroces et si aisées à découvrir ? Ce qui me fâche beaucoup, c’est que ces lettres se vendent à Genève. Mme la comtesse de Brionne[3], qui daigne venir à Ferney, ne sera-t-elle pas bien régalée de ce beau libelle ? Elle y trouvera sa maison outragée.
Je ne sais où prendre ce M. Deodati, qui me doit un témoignage authentique de la vérité : c’est à lui qu’est écrite la lettre si indignement falsifiée. Je n’ai point reçu de réponse à la lettre que je lui ai écrite[4] : il faut ou qu’il ne soit point à Paris, ou qu’il soit malade, ou qu’il ne sache pas remplir les premiers devoirs de la société. Ma famille juge que la chose est importante. Je serai peut-être obligé de m’adresser à monsieur le lieutenant de police. Je connais votre cœur, mon cher ami ; vous mettrez de l’empressement à trouver ce Deodati, et à lui faire remplir son devoir. Voilà une fort sotte affaire ; mais la plupart des affaires de ce monde sont fort sottes ; on est bien heureux quand l’atrocité ne se joint pas à la sottise.
Je vous ai déjà mandé que M. le duc de Choiseul et M. le duc de Praslin souhaitaient M. Chardon pour rapporteur. J’ignore
- ↑ La première édition du Triumvirat contient ces deux morceaux, qu’on peut voir tome XXV, page 587 et tome XXVI, page 1 ; voyez aussi lettre 6575.
- ↑ C’est celui qui est tome XXV, page 580.
- ↑ Voyez un quatrain de Voltaire sur le buste de Mme de Brionne, tome XLIII, page 235.
- ↑ Voyez lettre 6491.