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CORRESPONDANCE.

À l’égard des détails, vous les trouverez tout comme vous les désirez.

On veut qu’Athamare soit moins criminel, et moi, je voudrais qu’il fût cent fois plus coupable.

Venons maintenant à ce qui m’est essentiel pour de très-fortes raisons : c’est de donner incessamment deux représentations avec tous les changements, qui sont très-considérables ; de n’annoncer que ces deux représentations, qui probablement vaudront deux bonnes chambrées aux comédiens. Je vous demande en grâce de me procurer cette satisfaction ; c’est d’ailleurs le seul moyen de savoir à quoi m’en tenir. Je vous envoie un nouvel exemplaire où tout est corrigé, jusqu’aux virgules. Il servira aisément aux comédiens ; je leur demande une répétition et deux représentations : ce n’est pas trop, et ils me doivent cette complaisance.

J’ajoute encore que, quand cette pièce sera bien jouée (si elle peut l’être), elle doit faire beaucoup plus d’effet à Paris qu’à Fontainebleau. C’est auprès du parterre qu’Indatire doit réussir à la longue, et jamais à la cour.

Je sais bien qu’Athamare n’est point dans le caractère de Lekain ; il lui faut du funeste, du pathétique, du terrible. Athamare est un jeune cheval échappé, amoureux comme un fou ; mais pourvu qu’il mette dans son rôle plus d’empressement qu’il n’y en a mis, tout ira bien ; le quatrième et le cinquième acte doivent faire un très-grand effet.

Enfin le plus grand plaisir que vous me puissiez faire, dans les circonstances où je me trouve, c’est de me procurer ces deux représentations. Je vous en conjure, mes chers anges ; quand cela ne servirait qu’à faire crever Fréron, ce serait une très-bonne affaire.

J’aurai à M. de Thibouville une obligation que je ne puis exprimer, s’il engage les comédiens à me rendre la justice que je demande. Le rôle d’Indatire[1] ne peut tuer Molé ; et il me tue s’il ne le joue pas.

6862. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
27 avril.

Après vous avoir écrit, mon cher ange, et vous avoir envoyé un exemplaire des Scythes corrigé à la main, je suis obligé de

  1. Dans les Scythes.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.