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ANNÉE 1767

bien de ses pères a été vendu à vil prix. Tout cela me paraît bien délicat. C’est une affaire de faveur ; et il est fort à craindre que le secrétaire d’État qui a signé les lettres patentes de son adverse partie ne soutienne son ouvrage. Je crois que M. Chardon est le rapporteur. Je serais fâché que M. Chardon fût contre lui, et plus fâché encore si, M. Chardon étant pour lui, le conseil n’était pas de l’avis du rapporteur. L’affaire de Sirven me paraît bien plus favorable et bien plus claire. Je m’intéresse vivement à l’une et à l’autre.

Voici un petit mot pour Protagoras[1], qui est d’une autre nature. Tout ce qui est dans ce billet est pour vous comme pour lui ; tout est commun entre les frères.

Ma santé devient tous les jours plus faible ; tout périt chez moi, hors les sentiments qui m’attachent à vous. Je vous embrasse bien fort, mon très-cher ami.

6909. — À M. DAMILAVILLE.
7 juin.

Mon cher ami, voici enfin Sirven qui veut vous voir, vous remercier de vos bontés, et remettre son sort entre vos mains. Je ne crois pas qu’il doive se montrer avant que son procès ait été porté au conseil.

J’ai écrit à M. Cassen[2] pour le supplier de presser le rapport de M. Chardon. Vous présenterez sans doute Sirven à M. de Beaumont. J’ai bien peur que M. de Beaumont ne puisse pas à présent donner tous ses soins à cette affaire : il doit être si occupé de la sienne qu’il n’aura pas le temps de songer à celles des autres. Mais, comme il ne s’agit actuellement que de procédures au conseil, M. Cassen est en état de faire tout ce qui est nécessaire. Il pourra avoir la bonté de mener Sirven chez M. Chardon.

J’ai lu les inepties contre mon ami Bélisaire. Ces sottises sont écrites par des Vandales dont il triomphera.

On a fait contre ce pauvre abbé Bazin un livre bien plus savant[3], qui mérite peut-être une réponse. Tout cela part, dit-on, du collège Mazarin. Il faudra que nous disions, comme du temps de la Fronde : Point de Mazarin !

J’espère que l’affaire du vingtième, qui est plus intéressante,

  1. La lettre 6906.
  2. La lettre 6902.
  3. Le Supplément à la Philosophie de l’Histoire, par Larcher.