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ANNÉE 1767

jourd’hui que ridicules, n’ont servi autrefois qu’à troubler le monde ; il est temps de les punir de tout le mal qu’ils ont fait. Cependant votre approbateur reste toujours interdit[1], et la défense de débiter Bélisaire n’est point encore levée. Coger a encore ses oreilles, et n’a point été mis au pilori ; c’est là ce qui est honteux pour notre nation. Croiriez-vous bien que ce maroufle de Coger a osé m’écrire[2] ? Je lui avais fait répondre par mon laquais ; la lettre était assez drôle ; c’était la Défense de mon Maître. Elle pouvait faire un pendant avec la Défense de mon Oncle ; mais j’ai trouvé qu’un pareil coquin ne méritait pas la plaisanterie[3].

Bonsoir, mon cher ami ; resserrez bien les nœuds qui doivent unir tous les gens qui pensent ; inspirez-leur du courage. Mes tendres compliments à M. d’Alembert ; ne m’oubliez pas auprès de Mme Geoffrin.

Mme Denis vous fait mille compliments ; autant en disent MM. de Chabanon et de La Harpe.

7045. — À M. DE BELMONT[4].
Ferney, 14 octobre 1737.

Votre gouverneur des Andelys, monsieur, ne paraît pas avoir l’esprit de votre gouverneur de Guienne ; je crois, comme vous, qu’il se trompe, mais il faudrait ne pas se tromper en mauvaise prose et en mauvais vers. M. le maréchal de Richelieu doit avoir eu la bonté de vous faire remettre la dernière édition des Scythes, imprimée à Lyon chez les frères Périsse. Je vous sais très-bon gré d’avoir quitté les criailleries du barreau et les épines de la chicane pour un des plus beaux arts qui rendent notre nation recommandable, et je ne pardonnerai point aux barbares, et surtout aux impertinents faiseurs de monologues qui endorment leur auditoire, l’insolence qu’ils ont de vouloir décrier l’art du dialogue. Soyez bien persuadé, monsieur, de l’estime inaltérable avec laquelle je serai toujours, etc.

  1. Lorsque le lieutenant de police annonça à Bret qu’il était rayé du tableau des censeurs, ce magistrat prit un air triste : « Monsieur, lui dit Bret, ne me plaignez pas tant ; c’est un malheur, mais ce n’est pas un deshonneur. »
  2. En réponse à la lettre 6955.
  3. Elle parut cependant. Voyez dans les Mélanges, à la date du 15 décembre 1767.
  4. Lettres inédites de Voltaire, Gustave Brunet, 1840.