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CORRESPONDANCE.

juges des rois et des généraux d’armée, dès qu’ils savent lire et écrire.

Les deux partis de Genève prennent des mesures d’accommodement toutes différentes de l’arrêt des médiateurs. Ce n’était pas la peine de faire venir un ambassadeur de France chez eux, et d’importuner le roi une année entière. Voilà bien du bruit pour peu de chose, mais cela n’est pas rare.

Agréez, monseigneur, mon tendre et profond respect.

7150. — À M. MARMONTEL.
Le 22 janvier.

Voici, mon cher ami, un petit rogaton[1] qui m’est tombé entre les mains. Il ne vaut pas grand’chose, mais il mortifiera les cuistres, et c’est tout ce qu’il faut. Je vous demande en grâce de ne jamais dire que je suis votre correspondant, cela est essentiel pour vous et pour moi ; on est épié de tous côtés.

J’apprends, avec une extrême surprise, qu’on m’impute un certain Dîner du comte de Boulainvilliers, que tous les gens un peu au fait savent être de Saint-Hyacinthe. Il le fit imprimer en Hollande en 1728 ; c’est un fait connu de tous les écumeurs de la littérature.

J’attends de votre amitié que vous détruirez un bruit si calomnieux et si dangereux. Rien ne me fait plus de peine que de voir les gens de lettres, et mes amis mêmes, m’attribuer à l’envi tout ce qui paraît sur des matières délicates. Ces bruits sont capables de me perdre, et je suis trop vieux pour me transplanter. Pourquoi me donner ce qui est d’un autre ? n’ai-je pas assez de mes propres sottises ? Je vous supplie de dire et de faire dire à M. Suard, dont j’ambitionne l’amitié et la confiance, qu’il est obligé plus que personne à réfuter toutes ces calomnies.

Adieu, vainqueur de la Sorbonne. Personne ne marche avec plus de plaisir que moi après votre char de triomphe.

Gardez-moi un secret inviolable.

7151. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
23 janvier.

Mon cher ange, c’est une grande consolation pour moi que vous ayez été content de M. Dupuits. Il me paraît qu’il vaut

  1. Ce doit être l’Épître écrite de Constantinople aux frères ; voyez tome XXVI, page 573.