Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6681. — À M. D’ALEMBERT.
18 janvier.

Je ne peux jamais vous écrire que par ricochet, mon cher philosophe ; nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis. Tout le poids de la guerre est tombé sur nous. Nous n’avons pas, à la lettre, de quoi faire du bouillon.

Il n’est pas physiquement possible que le sieur Regnard[1] donne vingt-cinq louis d’or d’un discours[2] académique, dont on vend d’ordinaire cent exemplaires tout au plus.

Voici des vers à la louange de Vernet[3], qu’on m’a confiés. On parle d’un poëme sur la Guerre de Genève, qui ne sera pas aussi long que la Secchia rapita, mais qui doit être plus comique.

Je fais d’avance mille tendres compliments à M. Thomas[4]. Fourrez-moi beaucoup de ces gens-là dans l’Académie quand vous en trouverez.

J’adresse à l’abbé d’Olivet une petite réponse[5] à sa Prosodie ; il doit vous la remettre : il y est beaucoup question de votre correspondant du Brandebourg. Quand votre correspondant du mont Jura pourra-t-il vous embrasser ?


6682. — À M. LE RICHE.
18 janvier.

Mes fréquentes maladies, monsieur, et des affaires non moins tristes que les maladies, m’ont privé longtemps de la consolation de vous écrire.

Il y a un paquet pour vous à Nyon en Suisse, depuis plus de quinze jours ; les neiges ne lui permettent pas de passer, et je ne sais même par quelle voie il pourra vous parvenir, à moins que vous ne m’en indiquiez une.

Je vous suis très-obligé des éclaircissements historiques[6] que

  1. Imprimeur de l’Académie française.
  2. Il s’agit du Discours sur les avantages de la paix et les inconvénients de la guerre, par La Harpe.
  3. Éloge de l’hypocrisie; voyez tome X.
  4. Reçu à l’Académie française le 22 janvier.
  5. Voyez lettre 6652.
  6. Ce sont probablement ceux que Voltaire donne tome XXVI, page 151, et qu’il dit tenir d’un homme en place.