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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/102

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chelieu et plusieurs personnes de la cour ont contribué aussi ; M. le duc de Choiseul et beaucoup d’autres promettent de s’y joindre. Je ne doute pas que plus d’un prince étranger n’en fit autant, si vos compatriotes n’étaient jaloux d’être seuls ; cependant ils feraient volontiers à votre gloire le sacrifice de leur délicatesse. Adieu, adieu.

7900. — À M. LE COMTE DE LA TOURAILLE[1].
1er juin.

Je dois vous dire, monsieur, que mon ombre, ensevelie pendant six mois dans des neiges qui durent encore, est de toutes les ombres la plus sensible ; que je suis pénétré dans mon tombeau de toutes vos bontés, et que je pense comme vous sur les affaires de ce monde et de l’autre.

J’eus l’honneur de vous écrire quand vous étiez aux États[2]. Votre province manquerait à présent de blé si on n’avait pas arrêté celui qui allait à Genève. Les Genevois ne méritent guère de manger du pain, depuis qu’ils se mettent à canarder leurs compatriotes. Pour nous autres, si les choses continuent sur le même pied, nous allons voir renaître le beau siècle d’or où l’arbre de Jupiter nourrissait des hommes qui étaient, dit-on, innocents, ou plutôt des innocents.

Quand Son Altesse sérénissime voudra des montres de Ferney, qui a l’honneur d’être dans sa province, nous en faisons d’aussi bonnes qu’à Paris, et à un tiers meilleur marché.

Conservez, monsieur, vos bontés au vieil ermite.

7901. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
Ferney, 1er juin.

Madame, je crois que vous avez fait une gageure d’exercer votre patience, et moi, de pousser à bout vos bontés. J’ai eu l’honneur de vous parler, dans une de mes lettres[3], de sept frères, tous au service du roi, dont les jésuites avaient usurpé l’héritage, pour la plus grande gloire de Dieu. Voici, je pense, l’aîné de ces sept Machabées. Il prétend qu’ayant été auprès de vous, madame, le secrétaire des capucins, je dois, à plus forte raison,

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. De Bourgogne, à Dijon, avec le prince de Condé.
  3. Ce n’est pas dans une lettre à Mme de Choiseul (à moins qu’elle ne soit perdue), mais dans celle à Mme du Deffant, nº 7875.