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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/163

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royalistes. Je ne trouve pas ces messieurs adroits : ils attaquent à la fois Dieu et le diable, les grands et les prêtres. Que leur restera-t-il ?

Le Système de la Nature est trop long, à mon avis ; il y a trop de répétitions, trop d’incorrections.

C’est apparemment pour ne pas paraître écolier de Spinosa et de Straton qu’il n’admet point une intelligence éternelle répandue, je ne sais comment, dans ce monde. Il me semble qu’il y a de l’absurdité à faire naître des intelligences du mouvement et de la matière, qui ne le sont pas ; au moins le roi de Prusse relève fort bien cette bizarrerie.

Voilà une guerre civile entre les incrédules. Je connais une autre réfutation[1] qui va, dit-on, être imprimée. Nos ennemis diront que la discorde est dans le camp d’Agramant.

Toutefois il faut que les deux partis se réunissent. Je voudrais que vous fissiez cette réconciliation, et que vous leur dissiez : Passez-moi l’émétique, et je vous passerai la saignée[2].

Le roi de Prusse ne me parle pas plus de certaine statue que de celle du Festin de Pierre ; ne lui avez-vous pas écrit ? ne vous a-t-il pas répondu ?

Il ne me sied pas d’en parler à Catherine l’héroïne. Ce serait à Protagoras-Diderot d’en écrire à cette amazone ; mais surtout il faudrait dire qu’on ne recevra que peu on doit ménager sa bourse, que Moustapha épuise. Je ménagerai certainement celle de Jean-Jacques, et je réprimerai l’orgueil de Diogène. Je ne connais point de plus méprisable charlatan : quelle différence de ces joueurs de gobelets à vous !

Je vous embrasse bien fort, mon cher ami.

7976. — À M. DE LA HARPE.
27 juillet.

Suétone ne voit-il pas que l’ami Lantin a voulu rire quand il a exhorté les jeunes gens à rapetasser les détestables pièces et les détestables sujets du raisonneur ampoulé[3], qui ne fut jamais

  1. Il s’agit de la brochure intitulée Dieu, Réponse au Système de la Nature (1770), in-8° de cinquante-six pages, et dont il est parlé tome XVIII, page 376, et XIX, 161.
  2. Dans l’Amour médecin, acte III, scène i, Desfonandrès dit : « Qu’il me passe mon émétique pour la malade dont il s’agit, et je lui passerai tout ce qu’il voudra pour le premier malade dont il sera question. »
  3. Pierre Corneille.