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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/262

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CORRESPONDANCE.
8082. — À M. COLINI.
Ferney, 13 novembre.

Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer encore deux médaillons en plâtre[1], pareils à celui dont vous m’avez gratifié ; mais je ne veux les avoir qu’en payant, et je vous supplie d’en faire le prix. Je vous demande en grâce d’y faire travailler avec la plus grande célérité.

Je vous embrasse de tout mon cœur. V.

8083. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
À Ferney, 16 novembre.

Madame, je voudrais amuser notre bienfaitrice philosophe, et je crains fort de faire tout le contraire. L’auteur de cette Épître au roi de la Chine[2] dit qu’il est accoutumé à ennuyer les rois : cela peut être, je l’en crois sur sa parole ; mais il ne faut pas pour cela ennuyer madame la philosophe grand’maman, qui a plus d’esprit que tous les monarques d’Orient ; car pour ceux d’Occident, je n’en parle pas.

Si, malgré mes remontrances, Sa Majesté chinoise veut venir à Paris, je lui conseillerai, madame, de se faire de vos amis, et de tâcher de souper avec vous ; je n’en dirai pas autant à Moustapha. Franchement, il ne m’en paraît pas digne ; je le crois d’ailleurs très-incivil avec les dames, et je ne pense pas que ses eunuques lui aient appris à vivre.

Si, par un hasard que je ne prévois pas, cette Épître au roi de la Chine trouvait un moment grâce devant vos yeux, je vous dirais : Envoyez-en copie pour amuser votre petite-fille, supposé qu’elle soit amusable, et qu’elle ne soit pas dans ses moments de dégoût.


Pour réussir chez elle, il faut prendre son temps[3].


Puissé-je, madame, prendre toujours bien mon temps en vous présentant le profond respect, la reconnaissance et l’attachement du vieil ermite de Ferney !

  1. Voyez lettre 8056.
  2. Tome X, page 412.
  3. Vers 107 de l’Épître au roi de la Chine ; voyez tome X, page 419.