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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/300

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CORRESPONDANCE.

ne peux rien. Vous savez ce que je vous ai écrit sur Marin[1] : Quels bons ouvrages a-t-il faits ? dira-t-on. Je réponds qu’il n’a pas fait les Fétiches, et qu’il est très-utile aux gens de lettres. Le président nasillonneur[2] a fait les Fétiches, et même les Terres australes, et n’a jamais été utile à personne. Si j’écris au petit abbé[3], il se mettra à rire, montrera ma lettre, comme cela lui est arrivé plus d’une fois ; si j’écris à d’Argental, il n’en parlera pas à Foncemagne, parce qu’il ne s’agit pas là de comédie : la seule ressource est Delille. Sa traduction des Georgiques de Virgile est la meilleure qu’on fera jamais ; on dit d’ailleurs que c’est un honnête homme.

Si vous ne le prenez pas, ne pourriez-vous pas avoir quelque espèce de grand seigneur ?

Vous avez bien remarqué sans doute, dans l’édit du roi contre le parlement, ce qu’on dit de l’esprit de système. Il se trouve que les philosophes ont gâté le parlement ; on dit qu’ils font actuellement enchérir le pain, et qu’ils sont l’unique cause de la guerre entre l’Angleterre et l’Espagne. N’est-ce pas aussi la philosophie qui nous a pris nos rescriptions ? Par ma foi, il n’y a de plaisir à être philosophe que comme le roi de Prusse, avec cent cinquante mille soldats.

Le roi philosophe de Danemark a-t-il fait ce qu’il disait ? Laleu prétend que non, mais c’est que Laleu n’était pas encore apparemment au fait.

Parbleu, je prends mon parti ; vous pouvez faire lire habilement la déclaration ci-jointe à l’abbé de Voisenon, et à tous les gens de lettres intéressés à la chose[4].

8129. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
19 décembre.

Que l’on fasse ou non la guerre aux Anglais, que le parlement fasse ou non des sottises ; moi, je fais sottises et guerre.

Mes anges recevront par M. le duc de Praslin un paquet. Ce paquet est la tragédie des Pelopides, c’est-à-dire Atrée et Thyeste. Il est vrai qu’elle a été faite sous mes yeux, en onze jours,

  1. Lettre 8116.
  2. De Brosses ; voyez page 278.
  3. Voisenon.
  4. Il s’agit d’une déclaration par laquelle M. de Voltaire renonçait au titre d’académicien si on lui donnait le président de Brosses pour confrère. (K.)