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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/424

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CORRESPONDANCE.

Mme Denis me charge de vous dire combien elle est sensible au danger que vous avez couru, et elle vous sera toujours très-attachée, aussi bien que son vieil oncle l’aveugle.

Quand vous m’écrirez, je vous prie de m’écrire à Gex, attendu les changements qui viennent d’être faits dans la poste. Ayez aussi la bonté de dire à M. d’Argental de m’écrire à Gex.

8209. — À M. D’ALEMBERT.
27 avril.

Je ne sais pas ce qui arrivera, mon cher ami ; mais goûtons toujours le plaisir d’avoir vu chasser les jésuites, et d’avoir vu ensuite casser les assassins. Et ego in interitu vestro ridebo vos, et subsannabo, dit la Sainte Écriture[1].

J’avais envoyé à la chambre syndicale, avec laquelle je n’ai pas grand commerce, trois volumes d’un livre nouveau qui m’est venu de Hollande, intitulé Questions sur l’Encyclopédie, adressés à M. Briasson, pour les remettre à M. le marquis de Condorcet. Je ne sais si M. Briasson m’a rendu ce petit service ; cela pouvait passer pourtant pour ma dernière volonté, car j’ai été très-malade. Je crois avoir perdu entièrement les yeux, et je serai aveugle jusqu’à ce que je sois mort tout à fait.

Je viens de voir ou plutôt de me faire lire, dans le Journal encyclopédique, l’épître au roi de Danemark, non pas telle que vous l’avez, mais telle que je l’ai envoyée à ce monarque, avec un petit bout de lettre[2] qui accompagnait l’envoi. Cela vient sûrement de Copenhague ; le mal est très-médiocre.

Pourriez-vous me dire quel est l’auteur d’un éloge de l’abbé Trublet, qui est dans le même Journal encyclopédique d’avril ? Ce journal-là ne vaut pas le Dictionnaire encyclopédique.

Savez-vous qu’on a déjà imprimé quatre tomes du Dictionnaire d’Yverdun, où il y a plusieurs articles de M. de Lalande qui paraissent à la lettre A ? Mon état ne m’a pas permis de les lire.

Voudriez-vous bien avoir la bonté de me mander si on a imprimé à Paris un recueil des ouvrages de M. de Mairan ?

Je voulais écrire aujourd’hui à M. de Saint-Lambert, mais je ne sais si ma faiblesse me le permettra.

Adieu, mon très-cher philosophe ; j’ai bien peur que la phi-

  1. Proverbes, chapitre i, v. 26.
  2. La lettre 8178.