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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/468

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CORRESPONDANCE.

recevoir de vous des montres avec votre portrait, et d’apprendre à vous respecter toutes les heures de la journée.

Pour moi, madame, je consacre à Votre Majesté impériale toutes les heures qui me restent à vivre. Je me mets à vos pieds avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable.

Le vieux Malade du mont Jura[1].
8314. — À M. MARMONTEL.
21 juin.

Il y a si longtemps, mon très-cher confrère, que je vous ai envoyé trois tomes des Questions sur l’Encyclopédie, qu’il faut que vous ne les ayez pas reçus. J’en ai encore deux autres à mettre dans votre petite bibliothèque ; et comme il est souvent question de vous dans ces volumes[2], j’ai fort à cœur que vous les ayez ; mais je ne sais comment m’y prendre.

Je dois vous dire que vous avez dans le Nord une héroïne qui combat pour vous : c’est Mme la princesse Daschkof, assez connue par des actions qui passeront à la postérité. Voici comme elle parle de votre chère Sorbonne, dans son Examen du Voyage de l’abbé Chappe en Sibérie[3] : « La Sorbonne nous est connue par deux anecdotes. La première, lorsqu’en l’année 1717 elle s’illustra en présentant à Pierre le Grand les moyens de soumettre la Russie au pape ; la seconde, par sa prudente et spirituelle condamnation du Bélisaire de M. de Marmontel, en 1767. Vous pouvez juger, par ces deux traits, de la profonde vénération que tout homme qui a le sens commun doit avoir pour un corps aussi respectable, qui plus d’une fois a condamné le pour et le contre. »

J’ai eu deux jours cette très-étonnante princesse à Ferney ;

  1. À la date du 20 juin 1771, une lettre de Fanny de Beauharnais à Voltaire est signalée dans un catalogue d’autographes :

    « Elle lui témoigne sa plus vive admiration et lui mande qu’elle voit souvent Dorat, qui parle toujours de lui avec enthousiasme. Ce poëte aimable, « dont l’âme est aussi belle que ses talents sont précieux, désirerait entrer à l’Académie. Voici une place vacante. Si vous voulez, M. Dorat pourrait l’obtenir, et quand tous les suffrages ne se joindraient pas au vôtre, s’il a votre voix il aura plus que la place. »

  2. Dans les quatrième et cinquième volumes des Questions sur l’Encyclopédie, Marmontel n’est cité que deux fois, aux articles Critique (voyez tome XVIII, page 284) et Églogue (voyez tome XVIII, page 506).
  3. Voyez la note 2, page 335.