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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/539

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ANNÉE 1771.

que Moustapha ne demande point la paix. Est-ce qu’il aurait quelques succès contre mon cher Ali-bey ?

Ah ! madame, qu’une paix glorieuse serait belle après toutes vos victoires !

Tandis que vous avez la bonté de perdre quelques moments à lire le quatrième et le cinquième volume des Questions, le questionneur a fait partir le sixième et le septième[1] ; mais il a bien peur de ne pouvoir continuer. Il n’en peut plus, il est bien malade ; et voilà pourquoi il désirait que Votre Majesté allât bien vite à Constantinople, car assurément il n’a pas le temps d’attendre.

Ma colonie est à vos pieds ; je voudrais qu’elle pût envoyer des montres à la Chine par vos caravanes, mais elle est beaucoup plus glorieuse d’en avoir envoyé à Pétersbourg. Votre Majesté impériale est trop bonne ; je suis toujours étonné de tout ce que vous faites. Il me semble que le roi de Prusse en est tout aussi surpris et presque aussi aise que moi. Rien n’égale l’admiration pour votre personne, la reconnaissance, et le profond respect du vieux malade de Ferney.

8389. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Ferney, le 18 octobre.

Sire, vous êtes donc comme l’océan, dont les flots semblent arrêtés sur le rivage par des grains de sable ; et le vainqueur de Rosbach, de Lissa, etc., etc., ne peut parler en maître à des prêtres suisses. Jugez, après cela, si les pauvres princes catholiques doivent avoir beau jeu contre le pape.

Je ne sais si Votre Majesté a jamais vu une petite brochure intitulée les Droits des hommes et les Usurpations des papes[2] ; ces usurpations sont celles du saint-père : elles sont évidemment constatées. Si vous voulez, j’aurai l’honneur de vous les envoyer par la poste.

J’ai pris la liberté d’adresser à Votre Majesté les sixième et septième volumes des Questions sur l’Encyclopédie ; mais je crains fort de n’avoir pas la liberté de poursuivre cet ouvrage. C’est bien là le cas où l’on peut appeler la liberté puissance. Qui n’a pas le pouvoir de faire n’a pas sans doute la liberté de faire ; il n’a

  1. Les sixième et septième volumes des Questions sur l’Encyclopédie.
  2. Cet écrit est de 1768 ; voyez tome XXVII, page 193.