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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/138

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CORRESPONDANCE.

contre des billets payables à ordre. Voilà ce que je pense avec douleur.

Je vous écris une triste lettre de jurisconsulte ; nous parlerons de choses plus agréables quand nous aurons le bonheur de vous posséder avec madame Dixhuitans.

Si vous avez lu les Lettres de madame de Pompadour, vous avez dû être étonné du style facile et léger qu’on lui prête, et qu’elle n’avait pas. Ces lettres sont un autre tissu de calomnies. Notre siècle en est inondé. Tout concourt à avilir cette France, qui était autrefois le modèle et l’envie de l’Europe.

Adieu, monsieur ; conservez-moi, vous et madame votre femme, les bontés dont vous m’honorez.

8576. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
8 juillet.

Mon cher ange, je commence par vous demander si vous avez lu les Lettres de madame de Pompadour[1], c’est-à-dire les lettres qui ne sont pas d’elle, et dans lesquelles l’auteur cherche à copier le style de Mme de Sévigné. On les dévore et on les dévorera, jusqu’à ce qu’on soit bien convaincu que c’est un ouvrage supposé, et qu’on doit en faire le même cas que des Lettres de Ninon[2], de celles de la reine Christine[3], et des Mémoires de madame de Maintenon[4]. Des gens qui sont assez au fait prétendent que ce recueil est de cet honnête Vergy[5] qui vous a fait une si jolie tracasserie. Vous n’êtes point nommé dans ces lettres : M. le maréchal de Richelieu y est horriblement maltraité. Il est difficile de mettre un frein à ces infamies.

Il faut que vous sachiez qu’il arriva chez moi, ces jours passés, deux Piémontais qui me dirent avoir travaillé longtemps dans les bureaux de M. de Felino[6], et qui ont, disent-ils, été emprisonnés longtemps à son occasion ; ils prétendaient avoir été accusés d’avoir voulu empoisonner la duchesse de Parme. Je leur demandai ce qu’ils voulaient de moi, ils me répondirent qu’ils me priaient de les employer ; je leur dis que j’étais bien

  1. Voyez une note sur la lettre 8573.
  2. Par Louis Damours ; voyez la note, tome XXIII, page 513.
  3. Par Lacombe ; voyez la note, tome XXIV, page 479.
  4. Par La Beaumelle ; voyez tome XIX, page 363 ; et XXIX, 258,
  5. Voyez la note, tome XLIII, page 158 ; et aussi VIII, 387.
  6. Voyez tome XV, page 101.