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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/140

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CORRESPONDANCE.

8577. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
11 juillet.

Je vous renvoie, mon cher ange, ces Crétois que M. de Thibouville m’avait fait parvenir avec toutes les indications qui marquaient ce que le ministère, ou ceux qui parlaient au nom du ministère, voulaient y changer. Tous ces endroits sont corrigés dans une nouvelle copie que vous aurez bientôt. Il est essentiel que vous ayez la bonté de garder celle-ci, afin qu’on puisse la présenter dans l’occasion, et faire voir, papier sur table, à quel point on a été docile. Peut-être la pièce gagnera-t-elle à cette docilité. Si on l’avait jouée comme on le voulait, sans rien substituer à ce qui avait été mutilé si horriblement, je ne crois pas qu’on eût pu l’achever. Je la garde encore quelque temps : car, dès que mon lutin me tourmentera, je travaillerai, et je me flatte que vous serez contents.

C’est Mme de Saint-Julien qui veut bien se charger de mon paquet. Elle a passé un mois dans mon ermitage : car elle est encore plus philosophe que papillon. Elle nous a laissé bien des regrets.

Je me flatte que Mme d’Argental a repris toute sa santé dans les beaux jours que nous avons depuis deux mois. Adieu, mon cher ange ! aimons toujours les spectacles jusqu’au dernier moment.

8578. — À M. ***[2].
À Ferney, 13 juillet.

J’aurais, monsieur, bien d’autres éclaircissements à demander, et il faudrait m’éclairer plus qu’on n’a fait. Je prends cette funeste affaire[3] très à cœur. Plusieurs magistrats paraissent pencher pour les Véron ; il y en a même qui ont été révoltés du ton décisif de M. Linguet. Je crois que le public ne peut revenir que par un écrit modéré, qui paraisse impartial.

Je voudrais surtout trouver quelque raison plausible d’avoir fait des billets pour 327,000 livres, sans avoir reçu un sou.


  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Editeurs, de Cayrol et François. Cette lettre est peut-être adressée à M. de Combault, ami du comte de Morangiés.
  3. L’affaire Morangiés.