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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/141

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Pourquoi faire ces billets au profit de la Véron, quand on espère toucher l’argent d’une compagnie ?

Peut-on administrer quelque preuve ou du moins quelque présomption forte que Du Jonquay ait fait accroire à M. de Morangiés que c’était une compagnie qui prêtait les cent mille écus ? Et en ce cas, par quelle contradiction a-t-il fait les billets au profit de la Véron ?

Comment M. de Morangiés, ayant des soupçons de la fourberie la plus insigne, n’a-t-il pas sur-le-champ réclamé légalement contre ses billets, par une protestation par-devant un commissaire ?

En un mot, monsieur, je demande les instructions les plus amples que vous pourriez m’envoyer par M. d’Ogny. Je tâcherai alors de bien servir la cause à laquelle vous vous intéressez. Il me faut surtout le mémoire en faveur du nommé Mauvoisin, publié par l’avocat Laville.

Vous connaissez tous les sentiments de votre, etc.

8579. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
De Ferney, 13 juillet.

Êtes-vous, monseigneur, aussi étonné et aussi fâché que moi de voir tant de mensonges courir l’Europe, sous le nom de Mme de Pompadour[1], se faire lire et se faire croire ? Il n’y a pas une lettre d’elle, et cependant on ne sera détrompé de longtemps. Cela ressemble aux Mémoires de madame de Maintenon que La Beaumelle a débités, et qu’on regarde encore comme authentiques dans quelques pays étrangers. Comment peut-on avoir l’insolence d’outrager tant de personnes respectables pour gagner un peu d’argent ? Est-il possible que tant de gens de lettres soient coupables d’une telle infamie ? Nous avions besoin autrefois qu’on encourageât la littérature, et aujourd’hui il faut avouer que nous avons besoin qu’on la réprime.

Je suis si indigné contre les prétendues Lettres de madame de Pompadour que j’oublie dans ce moment ma grande passion pour la presse, et que je me souviens seulement que je suis citoyen.

  1. On a vu dans la lettre 8576 que le duc de Richelieu était fort maltraité dans les Lettres de madame de Pompadour qu’on venait de publier ; voyez aussi la lettre 8573.