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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/144

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CORRESPONDANCE.

Je reviens toujours à conclure qu’il faut cultiver son jardin, et que Candide n’eut raison que sur la fin de sa vie. Pour vous, il me paraît que vous avez raison dans la force de votre âge. Portez-vous bien, mon cher philosophe ; c’est là le grand point. Je m’affaiblis beaucoup ; et si je suis quelquefois Jean qui pleure et qui rit[1], j’ai bien peur d’être Jean qui radote ; mais je suis sûrement Jean qui vous aime.

8581. — À M. BEGUILLET,
avocat, et notaire des états de bourgogne[2],
Ferney, le 13 juillet 1772.

Le malade octogénaire a eu la consolation de se faire lire et d’entendre avec plaisir les deux volumes dont l’a honoré M. Béguillet[3]. Agréez, monsieur, mes remerciements. Votre Histoire du canal de Bourgogne sera bien intéressante : elle vous fera autant d’honneur qu’elle doit donner de regrets au gouvernement de n’avoir pas exécuté un projet aussi grand et aussi nécessaire.

J’ai l’honneur d’être, etc.

8582. — À M. L’ABBÉ MIGNOT.
15 juillet.

Je suis toujours étonné qu’un maréchal de camp, âgé de quarante-cinq ans, fasse à des inconnus pour cent mille écus de billets à ordre sans en avoir reçu la valeur.

D’un autre côté, la friponnerie des Du Jonquay me paraît évidente ; et il faut bien qu’elle soit vraie, puisqu’ils l’ont avouée chez un commissaire qui ne les violentait pas.

Les treize voyages me paraissent absurdes. Probablement les faux témoins ont espéré partager le profit. Ils ont eu le temps de se préparer ; il sera très-difficile de les convaincre de faux. Les billets de M. de Morangiés parlent contre lui, et le public me semble parler plus haut qu’eux.


  1. Tome IX, page 556.
  2. Copie faite de la main de M. Béguillet, qui l’adressait à P. Rousseau pour son Journal encyclopédique. Bibliothèque royale de Bruxelles, No 1583. Communiquée par M. F. Brunetière.
  3. M. Béguillet venait d’envoyer à Voltaire son Histoire des Guerres des deux Bourgognes, et annonçait une Histoire de la Jonction des mers et du canal de Bourgogne.