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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/149

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Je vous supplie de vouloir bien présenter mes très-humbles remerciements à M. le marquis de Felino. Je crois que le séjour de Paris lui sera pour le moins aussi agréable que celui de Parme.

Je songe toujours à la Crète, et je vous aurais déjà envoyé mon dernier mot, si je pouvais avoir un dernier mot.

Votre favori Roscius[1] veut-il, quand il sera à Ferney, jouer Gengis et Sémiramis ? Je crois que le pauvre entrepreneur de la troupe ne pourrait lui donner que cent écus par représentation, et, si je ne me trompe, je vous l’ai déjà mandé[2]. Cela sert du moins à payer des chevaux de poste. Pour moi, je ne puis plus être magnifique ; je me suis ruiné en bâtiments et en colonies, et je m’achève en bâtissant une maison de campagne pour Florian.

Je dirai, en parodiant Didon :


Exiguam urbem statui ; mea mœnia vidi,
Et nunc parva mei sub terras ibit imago.

(Virg.,. Æneid., lib. IV, v. 651.)

Voici des pauvretés pour vous amuser.

Je me mets à l’ombre des ailes de mes anges.

Vous croyez bien que je recevrai M. le chevalier de Buffevent de mon mieux, tout malade et tout languissant que je suis. Les apparitions de vos parents et de vos amis sont des fêtes pour moi.

8586. — À MADAME LA COMTESSE DE SAINT-HEREM.
À Ferney, 27 juillet.

Madame, vous avez écrit à un vieillard octogénaire qui est très-honoré de votre lettre ; il est vrai que madame votre mère daigna autrefois me témoigner beaucoup d’amitié et quelque estime. Ce serait une grande consolation pour moi si je pouvais mériter de sa fille un peu de ses sentiments.

Vous avez assurément très-grande raison de regarder l’adoration de l’Être des êtres comme le premier des devoirs, et vous savez sans doute que ce n’est pas le seul. Nos autres devoirs lui sont subordonnés ; mais les occupations d’un bon citoyen ne

  1. Lekain.
  2. Voyez la lettre précédente.