Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
CORRESPONDANCE.

sots l’ont crue de moi, et un fripon la envoyée au pape : voilà où j’en suis avec Sa Sainteté. Elle est infaillible, mais je ne sais si c’est en fait de goût, et si elle démêlera que ce n’est pas là mon style.

Mandez-moi, je vous prie, ce que c’est que cet abbé Pinzo, et, au nom du grand être dont Ganganelli est le vicaire, dammi consiglio.

Nous avons ici Lekain ; il enchante tout Genève. Il a joué dans Adélaïde du Guesclin : il jouera Mahomet et Ninias, après quoi je vous le renverrai.

Voici mon petit remerciement au remerciement de M. Watelet.

Je vous embrasse de toutes mes forces.

8628. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 16 septembre.

Mon héros est très-bienfaisant, quoiqu’il se moque de la bienfaisance. Ce qu’il daigne me dire sur les mariages des protestants me touche d’autant plus qu’il n’y a point de semaine où je ne voie des suites funestes de la proscription de ces alliances. Je suis assurément intéressé plus que personne à voir finir cette horrible contradiction dans nos lois, puisque j’ai peuplé mon petit séjour de protestants. Certainement l’ancien commandant du Languedoc, le gouverneur de la Guienne, est l’homme de France le plus instruit des inconvénients attachés à cette loi, dont les catholiques se plaignent aujourd’hui aussi hautement que les huguenots ; et monseigneur le maréchal de Richelieu, qui a rendu de si grands services à l’État, est peut-être aujourd’hui le seul homme capable de fermer les plaies de la révocation de l’édit de Nantes. Il sent bien que la faute de Louis XIV est de s’être cru assez puissant pour convertir les calvinistes, et de n’avoir pas vu qu’il était assez puissant pour les contenir.

Moustapha, tout borné qu’il est, fait trembler cent mille chrétiens dans Constantinople, pendant que les Russes brûlent ses flottes et font fuir ses armées.

Vous connaissez très-bien nos ridicules ; mais jugez s’il y en a un plus grand que celui de refuser un état à des familles que l’on veut conserver en France. Voyez à quoi on est réduit tous les jours. M. de Florian, ancien capitaine de cavalerie, a l’hon-